Retrait de la MONUSCO au Tanganyika : les confessions religieuses s’engagent à pérenniser les acquis de la Mission

Le retrait de la Mission au Tanganyika est prévu pour le 30 juin 2022, cependant "ce retrait est progressif et responsable". Photo MONUSCO / Marcelline Comlan

18 mai 2022

Retrait de la MONUSCO au Tanganyika : les confessions religieuses s’engagent à pérenniser les acquis de la Mission

Marcelline Comlan

« Les leaders religieux ont un rôle important à jouer dans la promotion de la paix, surtout après le départ de la MONUSCO, afin de pérenniser les actions menées pour la stabilisation de la province ». 

Le révérend Betraf Kabandilwa, président de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), l’a affirmé mercredi 14 mai à Kalemie, au cours de la journée de réflexion sur le processus de retrait de la Mission au Tanganyika et sur le mandat de la MONUSCO contenu dans la résolution 2612 (2022). 

Une cinquantaine de participants, dont cinq femmes, représentant différentes confessions religieuses, ont participé à cet échange organisé par la section de l’Information publique, en partenariat avec le Réseau des Associations Congolaises de Jeunes (RACOJ), au centre Nehema. 

L’objectif était d’informer les responsables religieux à propos de l’exécution du mandat de la MONUSCO dans le Tanganyika en cette période de transition et d’examiner leur rôle dans la consolidation de la paix et de la pérennisation des acquis en faveur de la paix après le départ de la MONUSCO de cette province en juin 2022. 

Participation collective pour le maintien de la paix 

Les participants se sont tous engagés à s’impliquer dans la promotion de la paix en s’appuyant sur les principes de leur religion. « La MONUSCO a fait sa part et elle est en train de partir, mais la paix doit demeurer dans notre province », a soutenu Léonard Banza, jeune évangéliste de l'église 5è Celpa Sayuni à Kalemie. Pour lui, les campagnes de sensibilisation et d’évangélisation doivent permettre de rencontrer et de sensibiliser les populations à la paix et à la cohabitation pacifique, surtout dans les zones à conflit. 

Même son de cloche du côté de la présidente des jeunes de l'église Gareganze, Dorcasse Ushindi Kabeya, qui estime que les églises ont l'obligation spirituelle d’implorer Dieu pour la stabilité de la province. « Après le départ de la MONUSCO, nous tous, fils et filles du Tanganyika, devrons prendre la relève afin de continuer là où cette mission s'est arrêtée », souligne-t-elle. 

Pour sa part, El Adji Assani Radjabu Lugogo, représentant de la religion islamique à Kalemie, a insisté sur la pérennisation des acquis de la MONUSCO, notamment à travers la mise en pratique des formations reçues. « La MONUSCO est venue pour nous appuyer et elle nous a donné une série de formations qui vont nous aider à prendre nos responsabilités en vue de consolider une paix permanente. Nous sommes des serviteurs de Dieu et notre mission est de convertir les cœurs », a-t-il expliqué.  

Pour le prélat musulman, le travail des communautés religieuses est de « sensibiliser la communauté pour qu'elle sache que Dieu n'aime pas le mal ». « S'il y a un problème entre les communautés Twa-Bantou, mettons-nous ensemble et discutons pour trouver une solution, car nous sommes condamnés à vivre ensemble », a conclu le leader religieux. 

De l’implication des confessions religieuses 

Se basant sur les interventions des participants au cours des débats, le révérend Betraf Kabandilwa a formulé quelques recommandations. « Ce que nous attendons des chefs des confessions religieuses avec lesquels nous venons de nous réunir, c’est qu’ils soient eux aussi associés à toutes les initiatives de paix que le gouvernement provincial va entreprendre ». 

Quant au représentant de la religion islamique à Kalemie, il a suggéré d’associer le gouvernement provincial à une prochaine réunion des chefs des confessions religieuses afin d’échanger sur la gestion de la province en termes de sécurité et même de développement, « parce qu’on ne peut pas parler de développement quand il n’y a pas de sécurité », a-t-il précisé. 

Enfin, Marcelline Comlan de la division de l’Information Publique de la MONUSCO a rappelé à l’auditoire partenaire que le retrait de la Mission au Tanganyika est prévu certes pour le 30 juin 2022, mais que « ce retrait est progressif et responsable », car la MONUSCO n’abandonne pas pour autant le Tanganyika. 

Les agences des Nations Unies vont rester et renforcer leurs actions dans leurs domaines d’intervention respectifs en faveur du développement socio-économique du Tanganyika, a-t-elle précisé.