Goma : Bintou Keita exprime sa solidarité aux déplacés de la crise du M23

Mme Keita a échangé avec les femmes déplacées de Mugerwa qui lui ont listé les principales difficultés auxquelles elles doivent faire face au quotidien. Photos MONUSCO / Alain Wandimoyi

28 fév 2023

Goma : Bintou Keita exprime sa solidarité aux déplacés de la crise du M23

Ndeye Khady Lo

La Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République démocratique du Congo, Bintou Keita, était en visite de travail à Goma au Nord-Kivu. La cheffe de la MONUSCO a mis son séjour à profit pour rencontrer les autorités, la société ainsi que les journalistes.

Pendant sa visite, Mme Keita s’est rendue dans les camps de déplacés situés sur les sites de Mugerwa et Bushagara dans le territoire de Nyiragongo. Ces sites abritent respectivement 3.600 et 15.000 personnes qui ont besoin d’assistance humanitaire malgré le soutien constant des agences, fonds et programmes du système des Nations Unies ainsi que des ONG.

Accompagnée de la coordonnatrice humanitaire en RDC, Suzanna Tkalec, et de la cheffe du bureau de terrain de la MONUSCO à Goma, Laila Bourhil, Mme Keita a eu des échanges avec les femmes déplacées de Mugerwa. Celles-ci lui ont listé les principales difficultés auxquelles elles font face : de la faim au viol dont certaines sont victimes quand elles vont chercher de la nourriture dans la forêt aux alentours du site.

Mardi 28 février à Bushagara, Bintou Keita a discuté avec quinze représentants de personnes déplacées provenant d'une soixantaine de sites autour de Kanyaruchinya. « J’ai écouté les témoignages émouvants des femmes et discuté avec les représentants de plus de 60 sites autour de Kanyaruchinya. Ces déplacés ont un seul souhait le retour définitif de la paix pour qu’ils puissent rentrer chez eux. Ces hommes, ces femmes et ces enfants ont besoin de notre solidarité et de notre engagement ferme pour mettre fin à la crise du M23 », a-t-elle déclaré.

Elle s’est aussi engagée à faire un plaidoyer auprès des Nations Unies à New York et à Genève ainsi qu’auprès des autorités congolaises à Kinshasa pour que la voix de ces déplacés soit entendue. 

Bintou Keita face aux médias

Lundi 27 février, la cheffe de la MONUSCO s’était rendue au centre de presse de Goma, siège de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC), dont la construction a été financée en 2015 par la MONUSCO.

La présidente de l’UNPC à Goma, Rosalie Zawadi Malika, s’est réjouie de la visite de sa visite et a remercié la MONUSCO pour le soutien de longue date, matérialisé par ce centre de presse.

Mme Keita a échangé à bâtons rompus avec des journalistes évacués de Kiwanja (Rutshuru) et de Kitchanga (Masisi) à la faveur de l’offensive du mouvement rebelle M23 sur ces territoires du Nord-Kivu.

« Je suis venue vous rendre visite, m’enquérir de votre situation et vous exprimer la solidarité du système des Nations Unies qui demeure attaché à la liberté d’expression. Depuis avril 2022, je lance un appel pour un retour de la paix, essentiel pour mettre fin au rétrécissement de l’espace civique. La liberté de la presse et l’accès à l’information sont indispensables pour une paix durable ».

Après avoir écouté leurs témoignages, elle a salué leur résilience et leur détermination à préserver la liberté de la presse en RDC et à lutter contre la désinformation. Le représentant de Journalistes en Danger, Tuver Wundi, a quant à lui fait le point de la situation des médias dans les localités sous la coupe du M23. « Douze radios n’émettent plus dans les zones occupées et plus de 65 journalistes ont été déplacés. Nous remercions la MONUSCO pour les trois vols spéciaux affrétés pour évacuer les journalistes de Kiwanja et la protection des journalistes de Kitchanga dont un est arrivé hier à Goma après plusieurs semaines passées dans le camp de la MONUSCO ». Il ajoute que le M23 exige une heure de temps d’antenne aux cinq radios qui continuent d’émettre depuis le territoire de Rutshuru.

« Sahuti ya Wahami ou la voix des déplacés »

Les journalistes déplacés ont mis en place un programme innovant dénommé « Sahuti ya Wahami », une expression en swahili qui signifie « Journal des déplacés ». L’objectif de ce projet, financé avec le soutien de plusieurs organisations, est de leur permettre de continuer à travailler comme journaliste malgré leur éloignement et, pour certains, la destruction de leur outil de travail par les rebelles du M23. 

Ce journal qui relate le quotidien de vingt sites de déplacés regroupant des personnes fuyant les violences du M23 est diffusé par un réseau de radios communautaires. Le directeur par intérim de la division de la Communication stratégique et de l’Information publique, Amadou Ba, a rappelé le soutien constant de la MONUSCO aux journalistes congolais.

« Ce centre de presse, le premier du genre en RDC, a été construit par la MONUSCO, qui a aussi organisé des sessions de formation pour les journalistes, facilité des voyages sans compter les évacuations des journalistes. Nous sommes disposés à poursuivre cet appui à l’avenir », a indiqué M. Ba qui a aussi rappelé aux journalistes leur responsabilité face à la diffusion de fausses informations.

Un dîner avec une dizaine de journalistes de Goma a permis à Mme Bintou Keita de poursuivre les échanges et de faire un plaidoyer pour une meilleure collaboration dans un environnement marqué par la désinformation.