Goma : la MONUSCO renforce les capacités des lanceurs d’alerte contre le recrutement des enfants dans l’armée

La conjugaison des efforts entre la MONUSCO et le gouvernement congolais est d’une importance vitale afin de protéger les enfants des abus éventuels de la part des groupes armés. / Photos Alain Wandimoyi

2 mai 2023

Goma : la MONUSCO renforce les capacités des lanceurs d’alerte contre le recrutement des enfants dans l’armée

Alain Wandimoyi

Pendant que l’est de la RDC fait face à une recrudescence des cas d’abus des droits de l’enfant, la section Protection de l’enfant de la MONUSCO a organisé, les 25 et 26 avril 2023, un atelier de renforcement des capacités en faveur des points focaux protection, lanceurs d’alerte et membres du GTPE (Groupe de Travail Technique Conjoint sur la Protection et le Conflit Armé) à propos des mécanismes de surveillance et communication des violations graves des droits de l’enfant. Ceci dans le but d’endiguer le recrutement des enfants par les groupes armés.

« La priorité des priorités de la MONUSCO est la protection des civils », s’est ainsi exprimé Julius Fondong, responsable de la section Affaires politiques à Goma lors de cet atelier de deux jours, rappelant aux participants les attentes de la mission onusienne à l’issue de cette session de formation.

Dans le contexte actuel d’instabilité socio-sécuritaire que traverse la province du Nord-Kivu depuis un certain temps, la conjugaison des efforts est d’une importance vitale afin de protéger les enfants des abus éventuels dont ils pourraient être victimes de la part des groupes armés, voire même parfois de la part de l’armée régulière. A cet effet, Théo Matafa, lieutenant-colonel de FARDC et coordonnateur en province du Groupe de travail technique conjoint (GTTC) a rappelé : « Chaque recrutement au sein des FARDC se passe en collaboration avec l'UNICEF, la section Protection de l’enfant et le PDDRCS ». Il a précisé que l’implication des FARDC dans la lutte contre l’enrôlement des enfants au sein de l’armée et des groupes armés est en effet réelle.

Six violations graves

On note six graves violations des droits de l’enfant en période de conflit armé : meurtre et mutilation d’enfant, recrutement et utilisation d’enfant, viols et violences sexuelles contre les enfants, enlèvement d’enfants, attaques contre les écoles et hôpitaux et refus d’accès à l’assistance humanitaire aux enfants. Ces violations ont été rapportées aux participants. « Pour la MONUSCO, la protection implique trois principaux acteurs différents : l’agresseur, le protecteur et la victime », a indiqué Justin Vuguvugu, l’un des facilitateurs de l’atelier et membre de la section Protection de l’enfant au sein de la MONUSCO.

« Rappelons que la section Protection de l’enfant a pour mandat de collecter, documenter et rapporter les informations sur les violations graves de droits des enfants ; plaidoyer et renforcement de capacités des acteurs étatiques, société civile et les enfants pour prévenir les violations ; lutter contre l’impunité, suivi judiciaire et soutien à la poursuite contre ceux qui commettent ces violations », a-t-il ajouté.

L’union des acteurs fortifie

« Plusieurs sections de la MONUSCO apportent leur pierre à l’édifice à travers des stratégies permettant d’endiguer d’éventuels cas d'abus sexuels », comme l’a souligné Olivier Akili, représentant de la section Conduite et Discipline. Selon lui, « ces stratégies se reposent sur trois piliers, à savoir la prévention avec des formations en interne et en l’externe ; la gestion de la base de données ainsi que l’assistance aux victimes ». Et de poursuivre : « Pour la section Conduite et Discipline, l’attention est focalisée sur les abus et exploitations sexuelles et un suivi particulier est assuré tout au long d’un éventuel procès y compris dans le pays de l’auteur des abus ».

Concernant la protection des victimes et des témoins, il a été rappelé la différence et le rapport entre violation, abus de droits de l’Homme. « Il y a violation de droits de l’Homme quand l’auteur est revêtu d’un pouvoir public alors que l’on parle d'abus quand c’est causé par un acteur non étatique », a précisé Thimothée Twiriyimana,  expert à la section droits de l’Homme MONUSCO.

Plusieurs enfants séparés des groupes armés

Pour mieux faire, le point focal protection de l’enfant au sein de la 34è région militaire, le lieutenant-colonel des FARDC Matthieu Shagali, a souligné pour sa part que « la protection est une synergie. Le plan d’action qui s’applique pendant les conflits armés requiert quatre stratégies : la séparation, la protection, la prévention, la réponse ainsi que la lutte contre l’impunité. L’implication du gouvernement congolais a permis d’ôter les FARDC de la liste noire des armées recrutant et abusant des enfants soldats », a-t-il confirmé.

Avant de conclure, la section Genre de la MONUSCO a énuméré quelques contraintes qui restreignent l’intégration pourtant un préalable au développement : « L’intégration est un préalable au développement. L’on ne peut pas développer notre société sans la participation de la femme », a souligné Achille Murhabazi de la section Genre. « Toutefois, il faut donner à toutes les mêmes chances et les mêmes avantages afin que l’inégalité ne l’emporte pas », a-t-il ajouté.

Selon les statistiques, depuis 2018 les efforts et stratégies conjointes ont produit des résultats encourageants : « 315 enfants dont 56 filles séparées des groupes armés. 739 enfants séparés et remis à l’Unicef et aux organisations partenaires locaux, dont le CAJED (Concert d'Actions pour Jeunes et Enfants Défavorisés)», a conclu Justin Vuguvugu.