Ituri : Jean-Pierre Lacroix est arrivé à Bunia, première étape d’une visite de trois jours en RDC 

22 fév 2022

Ituri : Jean-Pierre Lacroix est arrivé à Bunia, première étape d’une visite de trois jours en RDC 

Jean-Tobie Okala

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix, est arrivé ce mardi 22 février à Bunia, capitale provinciale de l’Ituri, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). C’est la première étape d’une visite de trois jours en RDC qui le conduira à Goma et Kinshasa.  

Il était 12h50, heure de l’Est, quand son avion s’est immobilisé sur le tarmac de l’aéroport Murongo, à Bunia. Après l’accueil par la cheffe de la Mission de l’ONU au Congo et Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, et par le gouverneur ad intérim de l’Ituri, Benjamin Alongabony, Jean-Pierre Lacroix a été rejoint par le ministre congolais de la Défense, Gilbert Kabanda, venu spécialement de Kinshasa.  

Ensemble, ils ont passé en revue les défis sécuritaires et humanitaires auxquels la province de l’Ituri, qui est sous état de siège depuis mai 2021, fait face à cause de l’activisme des groupes armés aussi bien locaux qu’étrangers et donc du soutien que les Nations Unies pourraient apporter au gouvernement congolais pour faire face à ces défis.  

Plaidoyers de la société civile 

Le chef des opérations de paix de l’ONU a ensuite rencontré des représentants des communautés locales dont les attentes par rapport à cette visite sont énormes. Par exemple, pour les organisations féminines, les Nations Unies doivent s’impliquer pour l’application effective de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU. Egalement pour aider les femmes à retrouver leur dignité face aux graves violations de leurs droits commises par les groupes armés, notamment les meurtres, les viols.  

Elisabeth Buve, présidente du Collectif des Femmes de l’Ituri, demande aussi à l’ONU de « s’impliquer pour que les femmes soient prises en compte dans le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire ». Pour leur part, les ONG de défense des droits de l’Homme demandent à l’ONU de s’impliquer pour appuyer le gouvernement dans la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre qui sont commis en Ituri.    

Au cœur du site des déplacés 

En début d’après-midi, Jean-Pierre Lacroix et sa délégation se sont envolés pour Roe, à 80 km de Bunia, dans le territoire de Djugu. Ici, quelque 65 000 à 70 000 personnes déplacées internes vivent dans le plus grand camp de déplacés en Ituri. A côté des casques bleus de la MONUSCO, les déplacés de Roe peuvent aussi compter sur la communauté des humanitaires dont ils saluent l’action.  

Des soins de santé à l'eau et à l'assainissement, en passant par l'éducation, la construction d'abris, etc., des ONG nationales et internationales ainsi que des agences du système des Nations Unies restent activement engagées au côté de ces personnes vulnérables pour les aider à maintenir un peu d'espoir pour un retour à une vie normale à la faveur d'une paix retrouvée.  

A Roe, où il a passé l’après-midi, Jean-Pierre Lacroix a rencontré les autorités locales et les représentants des personnes déplacées par le conflit. Il a également exprimé sa solidarité avec les hommes, les femmes et les enfants qui continuent d'être profondément affectés par la violence des groupes armés dans la région.  

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix de l’ONU a quitté Bunia et l’Ituri mardi en fin d’après-midi pour Goma, au Nord-Kivu. Il s’envolera ensuite vers Kinshasa où il rencontrera, entre autres, le chef de l’Etat Felix Tshisekedi. 

Près de 19 000 patrouilles en 2021 

La province de l’Ituri, dans l’est de la RDC, est en proie à une insécurité presque chronique qui a connu un répit entre 2003 et 2017. Depuis lors, les atrocités des différents groupes armés ont provoqué le déplacement massif des populations. On estime à environ 1.8 million le nombre de personnes ayant fui leurs milieux d’origine dans la province.  

La Mission des Nations Unies dispose de plusieurs bases militaires, principalement dans le territoire de Djugu, épicentre des violences, mais aussi dans celui d’Irumu. Les rebelles des ADF qui fuient la traque par l’armée congolaise (et depuis peu ougandaise) et la MONUSCO au Nord-Kivu trouvent refuge dans ce territoire. 

En 2021, ce sont plus de 16 700 patrouilles motorisées et près de 1000 patrouilles pédestres et aériennes que les casques bleus de la MONUSCO ont effectuées en Ituri, contribuant ainsi à sauver des vies civiles. 

En soutien à l’armée nationale (FARDC), les casques bleus onusiens ont escorté entre juillet 2021 et janvier 2022 plus de 10 000 véhicules civils sur les différents axes routiers de cette province, évitant ainsi l’asphyxie et le blocus des grands centres urbains ; ce qui est l’objectif de ces groupes armés.