Jean-Pierre Lacroix : « Continuons à travailler ensemble pour que les populations déplacées puissent rentrer chez elles »

Notables, chefs coutumiers, acteurs de la société civile et représentants des déplacés ont tous insisté sur la nécessité et l'urgence de restaurer l’autorité de l'État pour permettre aux personnes déplacées de regagner leurs milieux d'origine. Photo Nations Unies / Eskinder Debebe

23 fév 2022

Jean-Pierre Lacroix : « Continuons à travailler ensemble pour que les populations déplacées puissent rentrer chez elles »

JEAN TOBIE OKALA

« Je crois qu’il faut vraiment qu’ensemble nous poursuivions et intensifions les efforts (…) Il y a une nécessité pour que nous continuions à travailler ensemble pour que les populations [déplacées] puissent rentrer chez elles », a affirmé mardi 22 février le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, au retour de sa visite dans le camp des déplacés de Roe, en Ituri.

Le chef des opérations de paix de l’ONU est arrivé le même jour en RDC pour une visite de trois jours. Après l’Ituri, il se rendra à Kinshasa, la capitale, en passant par Goma, dans le Nord-Kivu. Arrivé peu avant 13 heures locales à Bunia, Jean-Pierre Lacroix a été rejoint par le ministre congolais de la Défense nationale, Gilbert Kabanda, venu spécialement de Kinshasa. 

Avec la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, son adjoint chargé des opérations et de la Protection, Khassim Diagne, le commandant de la Force onusienne au Congo, le général Afonso Da Costa, et le chef de bureau de la MONUSCO en Ituri, Josiah Obat, ils ont passé en revue les défis sécuritaires et humanitaires auxquels fait face la province de l’Ituri, sous état de siège depuis mai 2021. Dans cette province, l’activisme des groupes armés locaux et étrangers a occasionné plus de 1,8 million de déplacés à travers la province.   

Restaurer l’autorité de l'État 
 

De Bunia, Jean-Pierre Lacroix et sa suite se sont rendus à Roe, à 80 km, dans le territoire de Djugu, où se trouve l’un des plus grands camps de déplacés de la province, avec plus de 65.000 personnes. Ces gens y ont fui les exactions commises par les groupes armés dans leurs villages. Pour ces déplacés, cette visite montre que la crise iturienne reste un sujet de préoccupation de la communauté internationale. Ce qui les rassure qu'une solution à leurs problèmes sera trouvée.  

 

 

Notables, chefs coutumiers, acteurs de la société civile et représentants des déplacés ont tous insisté sur la nécessité et l'urgence de restaurer l’autorité de l'État pour permettre aux personnes déplacées de regagner leurs milieux d'origine. Cela, en utilisant tous les mécanismes possibles, notamment la négociation, la force, le désarmement et la démobilisation des groupes armés.  

Tous ces interlocuteurs ont fait part de leur lassitude de compter les morts presque chaque jour, en plus d'autres graves violations des droits de l'Homme commises par ces groupes armés, dont les viols, les meurtres, etc. De son côté, le personnel humanitaire engagé auprès de ces personnes vulnérables déclare que les besoins sont énormes par rapport aux ressources disponibles pour soulager cette souffrance. 

Renforcer le soutien de l’ONU
 

En réaction, Jean-Pierre Lacroix a déclaré que l’ONU va renforcer son soutien au gouvernement pour le maintien de la paix, le processus de désarmement des groupes armés et l'aide humanitaire. Il a assuré aux personnes déplacées que les Nations Unies et le gouvernement travaillent « main dans la main ». Ce qui, selon lui, « est très important, parce-que c’est la clé du succès ». 

 

Il y a une nécessité pour que nous continuions à travailler ensemble pour que les populations puissent rentrer chez elles.

 

« Il faut que nous continuions à intensifier les efforts. Et je sais que c’est l’état d’esprit de nos collègues de la MONUSCO, de notre Représentante spéciale, Bintou Keita, et de tous les collègues ; c’est aussi l’état d’esprit du ministre [de la Défense nationale] et du gouvernement congolais. Des populations souffrent et elles ont besoin de la sécurité. Elles nous l’ont dit avec force ; elles ont besoin que l’aide humanitaire se renforce », a-t-il déclaré.

Jean-Pierre Lacroix a assuré que les Nations Unies attachent une grande importance au fait que « l’Ituri ne soit pas oubliée ». « Je crois qu’il faut vraiment qu’ensemble nous poursuivions et intensifions les efforts. La population des déplacés demande qu’il n’y ait pas d’impunité contre les crimes commis à leur encontre. Je crois qu’au-delà de ces questions, il y a une nécessité pour que nous continuions à travailler ensemble pour que les populations puissent rentrer chez elles », a expliqué le diplomate onusien. 

Trouver des solutions durables 
 

Au cours du point de presse clôturant sa visite en Ituri, Jean-Pierre Lacroix a insisté sur la nécessité de « trouver des solutions durables (…) qui permettent que les communautés entre elles soient apaisées, reconciliées », notamment en traitant clairement des sujets essentiels comme l’accès aux ressources naturelles.

 

« Cette région est riche avec beaucoup de compétition sur ses ressources. Comment faire en sorte que ces questions soient traitées de sorte qu’il n’y ait pas d’impunité et comment faire en sorte que les dialogues reprennent et soient intensifiés entre les différentes communautés ? Les autorités congolaises et nous-mêmes sommes complétement déterminés à continuer à intensifier cela », a affirmé Jean-Pierre Lacroix.