Jean-Pierre Lacroix : « Nous devons tout faire pour que les promesses portées par l’Accord-cadre soient pleinement réalisées » 

25 fév 2022

Jean-Pierre Lacroix : « Nous devons tout faire pour que les promesses portées par l’Accord-cadre soient pleinement réalisées » 

Lydie Betyna

Neuf ans jour pour jour après la signature à Addis-Abeba, en Ethiopie, de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région des Grands Lacs, les onze pays signataires et les quatre institutions garantes se sont réunis ce 24 février 2022 dans la capitale congolaise. 

Devant plusieurs centaines d’invités réunis à la Cité de l’Union africaine, à Kinshasa, les chefs d’Etats et de gouvernement de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi, de la République du Congo, de l’Angola, de la République centrafricaine, de la Tanzanie, du Soudan du Sud, de la Zambie et du Kenya ont réaffirmé leur engagement à « mettre en œuvre pleinement l’Accord-cadre ». 

Selon le communiqué final sanctionnant cette 10e réunion de haut niveau du Mécanisme Régional de Suivi, l’Accord-cadre « permet de s’attaquer efficacement aux causes et facteurs de conflit et d’instabilité dans la région » des Grands Lacs. 

Un avis partagé par le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix. Avec l’Union africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’ONU fait partie des signataires de cet accord en tant qu’institution garante. 

Redoubler d’efforts 

Tout en saluant les succès obtenus et les étapes franchies, M. Lacroix a invité les pays signataires à « tout faire pour que les promesses portées par l'Accord-cadre soient pleinement réelles dans l’est de la République démocratique du Congo ». 

« Nous continuons d'être marqués par les témoignages des populations locales faisant état des activités des groupes armés, nous continuons de constater les effets de la violence perpétrée par ces groupes, notamment l'attaque récente menée par des miliciens contre le camp des personnes déplacées de Savo, dans la province de l’Ituri », a-t-il affirmé.

 
"Nous devons collectivement redoubler d'efforts pour parvenir à une région pacifiée et tournée vers le développement durable".

Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l'ONU aux opérations de paix.

Face à la souffrance des populations civiles, le Secrétaire général adjoint invite à « collectivement redoubler d'efforts pour parvenir à une région pacifiée et tournée vers le développement durable ». 

« Cela passe par des sociétés plus égalitaires et plus inclusives. Cela nécessite aussi de ne ménager aucun effort dans la lutte contre l’impunité et aussi de tenir un discours de vérité et de réconciliation. Cela exige bien sûr une participation accrue des femmes et des jeunes au processus politique et de consolidation de la paix, car ce sont eux qui paient le plus lourd tribut », a-t-il expliqué. 

Dans leurs conclusions, les chefs d’Etat des pays signataires de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba se sont justement engagés à promouvoir le rôle des femmes, des jeunes et de la Société civile, notamment en assurant l’égalité des hommes et des femmes et en promouvant la parité dans la vie politique et les processus de paix d’ici à 2023. 

Diplomatie de la main tendue 

De son côté, le chef de l’Etat congolais, Felix-Antoine Tshisekedi, a reconnu qu’en effet « plusieurs défis demeurent pour rompre la spirale de violence découlant de l'activisme des groupes armés locaux et régionaux, dont les plus nocifs se veulent être les ‘Allied Democratic Forces’ (ADF), mouvement terroriste islamiste qui constitue une sérieuse menace à la sécurité et à la stabilité régionale ». 

Cependant, affirme-t-il, « la persistance de l'insécurité ne devrait nullement occulter les efforts encourageants fournis ces dernières années pour renforcer la confiance entre les pays de la région et ainsi avancer vers une meilleure opération diplomatique et sécuritaire ». 

Ces efforts découlent, en effet, d’une « nouvelle approche pour neutraliser les forces négatives » recommandée lors du précèdent sommet du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-Cadre. 

« Ma volonté de voir éclore un environnement de paix et de stabilité dans l'est de mon pays m’a amené, dès ma prise de fonction, à entamer une diplomatie de la main tendue et du dialogue vis-à-vis des pays de la région, avec lesquels nous partageons des frontières communes en faisant du mécanisme national de suivi de l'Accord-cadre d’Addis-Abeba l'une des clés de voûte de cette action », a-t-il expliqué. 

Pour le président congolais, cette approche servira à apporter la paix et le progrès dans la région, car « il n’y a pas de paix sans progrès et pas de progrès sans paix », a-t-il affirmé, citant l’ancien Secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix 2001, Kofi Annan. 

La RDC à la présidence du MRS 

Au cours de ce 10e sommet, la présidence du Mécanisme Régional de Suivi est passé de l’Ouganda à la République démocratique du Congo. 

Felix-Antoine Tshisekedi dit placer son mandat « sous le signe de la consolidation des progrès, modestes seraient-ils, déjà accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis Abeba et du renforcement de la coopération régionale pour gagner le pari de la paix durable ». 

La prochaine rencontre des pays signataires de l’Accord-cadre et des institutions garantes se tiendra au Burundi, dont le gouvernement a accepté d’accueillir le 11e sommet du Mécanisme Régional de Suivi de l’Accord-cadre, prévu en février 2023.