Jean-Pierre Lacroix souligne la volonté des autorités congolaises de maintenir le partenariat avec les Nations Unies

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, à la conférence de presse de la MONUSCO le 2 décembre 2019. Photo MONUSCO/John Bompengo

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, à la conférence de presse de la MONUSCO le 2 décembre 2019. Photo MONUSCO/John Bompengo

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3 déc 2019

Jean-Pierre Lacroix souligne la volonté des autorités congolaises de maintenir le partenariat avec les Nations Unies

Léonard Mulamba

Au cours d’une conférence de presse au Quartier Général de la MONUSCO  à Kinshasa lundi 2 décembre, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a souligné la volonté des autorités congolaises de maintenir le partenariat avec les Nations Unies.

Aux termes d’une visite de trois jours en République démocratique du Congo, M. Lacroix dit avoir constaté de la part de différentes autorités congolaises, tant civiles que militaires, « une réaffirmation très claire de l’importance qu’ils attachaient au partenariat avec la MONUSCO. Et ce sont des messages qui sont dans la totale continuité de ce qu’avait dit son excellence, le président de la République Tshisekedi au Secrétaire général des Nations Unies [lors de sa visite] en juillet dernier en République démocratique du Congo ».

Jean-Pierre Lacroix venait d’achever, sur terrain au Nord-Kivu, une visite de « compassion » à la population congolaise et de « solidarité » aux collègues des Nations Unies à Beni et à Boikene (le site de la MONUSCO dévasté par des manifestants) et à Biakato (site de la réponse à Ebola en Ituri attaqué également) à la suite de la flambée de la violence consécutive au mécontentement de certains Congolais après les tueries, attribuées aux rebelles d’ADF, de plusieurs dizaines de personnes.

A Kinshasa, M. Lacroix a eu des entretiens avec le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba et certains membres du gouvernement congolais. « La résolution que nous avons prise ensemble avec tous ces interlocuteurs, des autorités nationales, locales, militaires, civiles, c’est de renforcer ce partenariat, de faire en sorte que des concertations régulières systématiques soient conduites ici au niveau national, au niveau de Kinshasa, au niveau local, dans la région à l’est et aussi avec les autorités policières et militaires », a indiqué le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix.

Pour illustrer en quelque sorte les résultats positifs du travail sur terrain de la MONUSCO, Jean-Pierre Lacroix a évoqué l’exemple donné par le ministre congolais de la Défense, Ngoy Mukena. Celui-ci a rappelé le succès de ce partenariat dans le passé. Le ministre a évoqué « le fait qu’il n’y a pas si longtemps, des provinces de ce pays étaient en guerre et il a cité le Katanga et le Kasaï (…) Il nous a dit qu’aujourd’hui sur les 145 territoires du pays, il y en avait 135 qui allaient mieux et qui ne connaissaient plus une situation de guerre ». C’est donc un partenariat qui a été efficace et qu’il l’est encore aujourd’hui dans beaucoup d’endroits, a renchéri M. Lacroix. Pour lui, « il n’y a pas de raisons pour lesquelles ce partenariat ne doit pas réussir aussi dans l’est, dans les Kivu et en Ituri ».

Mieux faire ensemble

Dans la continuité de la réunion que la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Mme Leila Zerrougui, a eue il y a quelques jours avec le Président de la République Félix Tshisekedi, le chef des opérations de maintien de la paix a indiqué qu’« il y a déjà un travail de planification détaillée qui est engagé avec les FARDC ». A ce sujet le commandant par intérim de la Force de la MONUSCO a eu déjà plusieurs réunions avec le Général Mbala Munsense, Chef d’Etat-Major général des FARDC. Jean-Pierre Lacroix a souligné que « nous sommes en train de travailler pour que ce partenariat soit beaucoup plus complet, très en amont, parce qu’on ne peut réussir que si nous travaillons ensemble à planifier dès le début des actions conjointes. C’est la seule manière que nous pouvons, nous, d’apporter un soutien efficace, c’est la seule manière de réussir ».

Jean-Pierre Lacroix a aussi annoncé que « nous nous sommes aussi convenu dans nos discussions que chacun devrait regarder ce qu’il peut faire de mieux, parce qu’il ne faut pas, non plus, être aveugle. Il y a des améliorations sensibles à apporter sur la manière dont nous travaillons ». Ces améliorations concernent d’abord le partenariat entre les deux parties, mais aussi la manière dont chacun travaille. « Je crois que nous avons fait avec le chef d’Etat-Major des FARDC, et aussi les ministres, le gouverneur [du Nord-Kivu], le Premier ministre, un exercice honnête pour faire en sorte que nous puissions, chacun, évaluer ce qui doit être amélioré, nos lacunes et s’y attaquer très fermement », a précisé M. Lacroix.

Par ailleurs le chef des opérations de maintien de la paix a ajouté qu’il y a un travail sécuritaire qui est à faire, tout comme il y a aussi un travail à faire au bénéfice de la population et de la stabilisation. C’est ainsi que des contacts sont établis avec les partenaires du développement qui travaillent à débloquer les ressources de manière que des actions puissent être entreprises au bénéfice de la population qui souffre, tout particulièrement en ce moment.

Non aux messages de manipulation et de désinformation

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix s’est montré ferme à propos des attaques contre la MONUSCO et d’autres partenaires dans la lutte contre Ebola.  « Il ne faut pas se tromper d’ennemi, parce que ceux qui sont les ennemis, ce sont les groupes qui attaquent et tuent la population. (…) Il ne faut pas se tromper d’ennemi parce qu’il y a beaucoup de messages de manipulation, de désinformation, parfois d’allégations et d’insinuations qui sont franchement honteuses. Il faut aussi lutter contre ces messages de désinformation qui n’auront qu’un seul résultat en fait : c’est amener plus de victimes, plus de violences et plus de dévastations ».

M. Lacroix a lancé un appel aux autorités congolaises compétentes pour que les responsables de ces amalgames, de ces messages de division, de haine « puissent rendre compte de leurs actes le moment venu parce qu’il n’est pas acceptable de voir circuler de telles désinformations, de telles manipulations ».

A cet effet, a conclu Jean-Pierre Lacroix, même si la République démocratique du Congo est une démocratie, (…) exprimer son opinion dans un cadre démocratique est une chose, « mais une autre chose est de faire circuler des messages de haine et de mensonge qui ne bénéficient in fine à personne et certainement pas à la population ».

Enfin répondant à une question sur le départ de la MONUSCO réclamé par certains Congolais, le chef des opérations de maintien de la paix dit respecter la liberté d’expression des Congolais.  «Il y a des opinions qui s’expriment, nous le respectons et nous devons en tenir compte parce que d’une manière ou d’une autre, il y a quand même derrière un sentiment de frustration qui est réel. Il faut l’accepter », a-t-il déclaré.

Cependant, a- t-il ajouté, « nous travaillons dans un pays souverain, et avant tout avec les autorités légitimes de ce pays, qui sont le Président, le gouvernement, les gouverneurs, les autorités locales, les forces de police et de sécurité qui nous disent : nous voulons continuer à travailler avec vous sur la base de la demande qui a été faite de maintien de la présence de la MONUSCO par la présidence de la République, nous voulons travailler avec vous mais nous voyons que parfois, il faut améliorer ce partenariat, et que nous, et vous, nous devons aussi améliorer la manière dont nous travaillons ».