Kinshasa : la MONUSCO soutient la promotion du genre parmi le personnel pénitentiaire congolais

Kinshasa : la MONUSCO soutient la promotion du genre parmi le personnel pénitentiaire congolais. Photo MONUSCO/UNPOL

27 oct 2022

Kinshasa : la MONUSCO soutient la promotion du genre parmi le personnel pénitentiaire congolais

Ascain Zigbia-Tayoro

« Promotion du genre en milieu carcéral : rôle et responsabilité du personnel pénitentiaire féminin » : tel était le thème d’une rencontre de cinq jours, organisée du 11 au 15 octobre 2022 par l’unité d’Appui à l’administration pénitentiaire (UAAP) de la MONUSCO à Kinshasa. Il s’agit d’une première retraite des conseillères pénitentiaires de la Mission et du personnel féminin de l’administration pénitentiaire de la RDC.  

Plus de 85 personnes y ont participé, dont une quarantaine de conseillères pénitentiaires congolaises de Kinshasa. D’autres collaborateurs sont intervenus en ligne depuis Brindisi (Italie), New York (USA), Burkina Faso, Kenya, Sénégal et Suède. 

Selon les organisateurs, la retraite avait pour objectif de mettre en place des stratégies pour la promotion des femmes au sein de l’administration pénitentiaire congolaise. 

Au cours de cette retraite, un diagnostic en matière pénitentiaire en RDC a été fait en toute sérénité. Il en est ressorti de nombreux manquements dont le faible effectif du personnel pénitentiaire féminin et de leur accès aux différents postes à responsabilité ou encore l’absence de prison pour femmes, ainsi que de quartiers pour femmes détenues allaitantes.

Ces défauts à la promotion du genre en milieu carcéral de la RDC ont été reconnus par les participants à ces assises, dont la cérémonie d’ouverture a été présidée par le vice-ministre de la Justice et garde des sceaux. 

Renforcer les capacités des femmes

Lors de la première journée de la retraite, les échanges ont porté sur sept communications relatives, entre autres, à la règlementation internationale sur la dimension genre en milieu carcéral, en se basant notamment sur l’expérience du Burkina Faso, du Ghana et du Kenya dans la promotion du genre en milieu carcéral.

A titre d’exemple, Joyce Amaki de l’unité pénitentiaire de la MONUSCO a plaidé pour l’application de la résolution 2612 du Conseil de sécurité de l’ONU mettant l'accent sur « la promotion et la protection de la femme ». A cela s’ajoute l’application des règles Mandela relatives au traitement des détenus.

De son côté, Madeleine Decko, directrice adjointe de la prison de Makala, s’est appesantie sur le renforcement des capacités professionnelles du personnel pénitentiaire féminin et l’assistance aux détenus à travers la mise en place des activités qui doivent aboutir à la réinsertion sociale des femmes détenues. 

« Nous voulons que la MONUSCO nous aide à la construction en RDC d'une prison réservée uniquement pour les femmes » : telle a été une des recommandations des conseillères pénitentiaires congolaises, lesquelles ont beaucoup plaidé pour l’amélioration des conditions de détention des femmes. 

« Construire la prison rien que pour les femmes, ça va éviter aux femmes le risque d'être victimes de viol en milieu carcéral », a renchéri Gloire Ndombe, superviseur au service de greffe à la prison de Makala.  

La cheffe de l’unité d’Appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO a salué l’initiative de construire une prison pour les femmes. Elle l’a motivé par les conditions difficiles dans lesquelles les femmes sont actuellement détenues dans les prisons de la RDC. 

La MONUSCO prête à soutenir l’Etat

Par ailleurs, Patience SAI s’est réservée d’attribuer à la MONUSCO la seule responsabilité de construire cette prison pour femmes. 

« Ceci relève de la compétence de l’Etat. La MONUSCO peut soutenir cette initiative en appuyant l’Etat dans le volet équipement, formation (…), en d’autres termes, se partager les tâches avec d’autres partenaires intéressés par ce projet », a-t-elle déclaré.

La cheffe de l’UAAP/MONUSCO a estimé qu’en cette phase de transition, quand la mission onusienne prépare son retrait de la RDC, son unité se réserve de s’engager dans de gros projets. 

Maguy Kalumba, superviseur au service de greffe à la prison de Ndolo, s’est dit satisfaite de participer à cette première retraite. Elle s’est réjouie de quelques autres recommandations qui s’avèrent impérieuses pour les conseillères pénitentiaires congolaises : « L’unification de l’administration pénitentiaire congolaise, l’élaboration d’un recueil de textes législatifs pour la promotion du genre en milieu carcéral et l’accompagnement des hommes auprès du personnel pénitentiaire féminin en vue de soutenir une gestion efficace des postes stratégiques ». 

A la clôture de la retraite, le secrétaire général à la justice a invité le personnel pénitentiaire féminin à tirer profit de la présence de la MONUSCO.

D’après lui, la MONUSCO a indiqué la voie pour l’avenir du service pénitentiaire de la RDC avec la formation de plusieurs cadres féminins.