La MONUSCO appuie la justice congolaise en chambre foraine à Opala

17 mai 2011

La MONUSCO appuie la justice congolaise en chambre foraine à Opala


Kisangani, 16 mai 2011
- Neuf éléments de la Police nationale congolaise (PNC) en fonction dans le territoire d'Opala, district de la Tshopo, province Orientale, ont été jugés et condamnés, en matière répressive au premier degré, par le tribunal militaire de Kisangani, siégeant en chambre foraine à Opala, chef-lieu du même territoire. La tenue de ce procès qui a eu lieu du 9 au 14 mai 2011 a été rendue possible grâce à l'appui financier et logistique de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), dans le cadre de son mandat d'accompagnement des autorités congolaises dans la lutte contre l'impunité et les violences sexuelles.

Le verdict est tombé au terme de cinq jours de procès marathon, à la mesure des infractions commises par les neuf prévenus dont sept étaient présents à la barre (deux étant en fuite et jugés par contumace), poursuivis pour crimes contre l'humanité par viol massif, pillage, destruction de biens, arrestation et détention arbitraire. Au catalogue des sanctions, six prévenus, dont les deux en fuite, ont été condamnés à la servitude pénale à perpétuité ainsi que leur renvoi de la PNC. Deux autres ont reçu chacun une peine d'emprisonnement de 30 ans avec également renvoi de la PNC pour arrestation arbitraire et pillage. Le chef de la PNC d'Opala a, de son côté, écopé d'une peine d'emprisonnement de douze mois avec sursis. L'État congolais n'en est pas sorti indemne non plus, car condamné in solidium au paiement de trente mille dollars américains de dommages et intérêts pour chaque victime.

Les faits remontent à décembre 2010, quand une équipe de la PNC du territoire d'Opala est intervenue dans le cadre de ses opérations, suite à un conflit qui opposait les populations des localités de Yambwa et de Yakongolo dans ce territoire, concernant l'utilisation d'un «beach» (plage de pirogues) assurant le transport et la traversée sur la rivière Lomami. Nombre de ces policiers avaient alors violé nuitamment 18 femmes arrêtées à Yakongolo et détenues arbitrairement pendant deux jours à Yokoko. Elles avaient ensuite été transférées à Opala où elles avaient été remises en liberté quelques jours plus tard sur intervention des autorités locales.

Ce sont ces traitements cruels, inhumains et dégradants, couplés de cas de pillage et de destruction de biens que le tribunal militaire de Kisangani a sanctionnés à Opala, conformément à la loi congolaise en la matière.

Les responsables locaux et les victimes ont vivement remercié la MONUSCO pour son appui remarquable. « Nous sommes soulagés car, sans la MONUSCO, ce jugement n'aurait peut-être jamais eu lieu. C'est un grand pas en avant dans la lutte contre les violences sexuelles dans notre territoire », a déclaré à la fin du procès Madame Josée Akoka, Administratrice adjointe du territoire d'Opala, Chargée de l'Economie et des Finances.

Réputé pour sa culture du riz, le territoire d'Opala situé à 260 km au sud de Kisangani porte aussi le flambeau des violences sexuelles. Plusieurs cas ont été encore répertoriés, et attendant d'être instruits.

Codjo Houegniglo/ MONUSCO