La MONUSCO appuie la lute contre le phénomène des « filets Maya » source d’infection au VIH-SIDA

16 déc 2011

La MONUSCO appuie la lute contre le phénomène des « filets Maya » source d’infection au VIH-SIDA

Uvira, 15 décembre 2011 – Un phénomène dénommé « filet Maya » (traduisez 'poisson contre sexe') fait rage dans la province du Sud Kivu, voisine du Burundi, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette pratique qui est courante dans le milieu des pêcheurs, consiste à écouler le poisson auprès des femmes revendeuses en échange de rapports sexuels avec ces dernières, ce qui a pour conséquence la propagation du virus du VIH-SIDA au sein de ces populations riveraines.

Profitant de la Journée de lutte contre le SIDA célébrée le 1er décembre, la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a initié une action contre cette pratique en s'appuyant sur des associations locales telles que le Cadre d'Appui aux Actions de Développement au Congo (CAADEC) et le Centre d'Encadrement des Jeunes pour le Développement rural (CEJERDE).

Selon Rehema Mawazo, Directrice de projet au CAADEC, le « filet Maya » «est un moyen utilisé par les pêcheurs pour abuser des femmes même quand celles-ci on de l'argent pour acheter le poisson.»

Plus de 200 participants, dont de nombreuses vendeuses de poisson, des représentants d'associations de pêcheurs, des jeunes, ainsi que quelques autorités administratives et policières, ont été associés à cette sensibilisation qui s'est donné à court et long terme un objectif de "zéro infection par le VIH-SIDA, zéro discrimination et zéro décès lié au SIDA".

Le commerce de poisson dans ce milieu où règne une grande pauvreté se monnaie par la prostitution, pour nombre de ces femmes qui sont prêtes à tout pour subvenir aux besoins de leurs familles. C'est le cas de Yeyiyi Yollande qui indique qu'elle exerce ce métier depuis quatre ans. «Alors, si j'abandonne, qui prendra soin de moi et de ma famille ? » demande-t-elle.

Il arrive également que certaines d'entre elles, n'ayant pas le budget nécessaire pour acheter leur marchandise, la prennent à crédit. « C'est lorsqu'elles n'ont pas de quoi honorer leurs dettes que nous leur proposons l'activité sexuelle pour ne pas laisser la dette impayée », raconte un pêcheur qui préfère garder l'anonymat. « On ne vend qu'à celle qui a donné », ironise un autre.

La journée consacrée à la lutte contre le SIDA a donc servi de cadre à la MONUSCO, au CAADEC et au CEJERDE, de lancer un appel en direction des autorités administratives et sécuritaires afin qu'elles prennent des mesures vigoureuses pour mettre un terme à ce phénomène qui ouvre grandement la porte au fléau du SIDA.

Laurent Sam Oussou/ MONUSCO