Le cri d’alarme du BCNUDH sur les violences faites aux femmes dans le Kasaï Oriental

15 déc 2011

Le cri d’alarme du BCNUDH sur les violences faites aux femmes dans le Kasaï Oriental

 

Mbuji Mayi, 6 décembre 2011 - Dans le cadre des 16 jours d'activisme contre les violences faites à la femme, le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme (BCNUDH) de Mbuji Mayi a organisé, le 5 décembre 2011, une conférence-débat avec les acteurs politiques, la société civile, ainsi que les autorités judicaires de la province du Kasaï Oriental afin de les engager à sensibiliser la population sur les conséquences des violences faites aux femmes.

 

La problématique des violences faites aux femmes et aux filles se pose avec acuité au Kasaï-Oriental. Du fait de la tradition, il y a des filles, notamment celles vivant en zones rurales qui, dès l'âge de 13 ou 14 ans, se voient données en mariage à des hommes au moins trois fois leur âge, ceci en violation de d'un arrêté du gouvernement provincial interdisant le mariage précoce.

A la tradition s'ajoute certaines pratiques liées aux croyances locales utilisées surtout par les exploitants de diamant, selon lesquelles pour réussir dans ce milieu, il faut avoir des rapports intimes avec une fille vierge. Aussi, des fillettes, même avant la puberté sont- elles forcées à avoir des relations sexuelles, parfois avec des membres de leur propre famille !

Face à ce fléau, la justice semble impuissante à apporter des réponses adéquates, la plupart des cas rapportés étant réglés à l'amiable. Pour l'année 2011, avec l'appui de la clinique juridique et du bureau de consultations gratuites financées par le Projet de lutte contre l'impunité des violences sexuelles du BCNUDH, seulement 41 dossiers sur les 197 cas déférés en justice ont connu un jugement définitif, tandis que 19 dossiers évoluent au degré d'appel. Pour les jugements prononcés en matière de violences sexuelles un seul cas a été enregistré où une peine de 15 ans de servitude a été imposée – la plus lourde peine jusqu'ici enregistrée. Dans 17 dossiers déposés, la peine imposée varie entre quatre mois et cinq ans. En réalité, l'Article 170 de la loi sur les violences sexuelles prévoit des peines de cinq à 20 ans.

La conférence qui a réuni 45 participants en provenance des juridictions d'ordre judiciaire, des structures étatiques, de la société civile, des médias et des partis politiques, a porté sur quatre thèmes relatifs aux violences faites aux femmes et autres violences sexuelles, suivie d'une série de questions réponses.

Le Chef de Bureau de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Cheikh Bangoura, a, dans son intervention, relevé la recrudescence des actes de violence dont les femmes ont été victimes à Mbuji-Mayi pendant la période électorale et a demandé aux participants, de préserver la dignité humaine, gage du développement social de l'être humain.
Marie Jocelyne Palenquet/ MONUSCO