La MONUSCO et la Société civile échangent sur la situation sécuritaire dans les Territoires de Fizi et d’Uvira.

La MONUSCO et la Société civile échangent sur la situation sécuritaire dans les Territoires de Fizi et d’Uvira.
24 fév 2017

La MONUSCO et la Société civile échangent sur la situation sécuritaire dans les Territoires de Fizi et d’Uvira.

Uvira, le 24 février 2017 – Une rencontre d’échanges entre la MONUSCO-Uvira et toutes les composantes de la Société civile de ce Territoire du Sud-Kivu a eu lieu ce mardi 21 février au Quartier général de la Mission des Nations Unies à Uvira. Pour les deux parties, il s’agissait de faire un tour d’horizon de la situation sociale, politique et sécuritaire générale dans les deux Territoires de Fizi et d’Uvira. Une analyse qui va ressortir plusieurs points convergents qui méritent une attention particulière, en termes de protection des civils. Parmi ces faits qui font peser de sérieuses menaces sur la sécurité et la paix dans cette partie de la RDC, il y a d’abord l’activisme des groupes armés, aussi bien locaux qu’étrangers. Du fait de la porosité de la frontière entre la RDC et le Burundi voisin, beaucoup de groupes rebelles burundais ont investi la Plaine de la Ruzizi où ils se livrent à des activités de pillages, destruction de champs, vols de vaches, kidnapping, violences sexuelles, etc. Du côté de Fizi, le tableau est tout aussi noir, avec une détérioration de la situation sécuritaire observée depuis quelques mois déjà : embuscades, barrages routiers, viols, conflits liés à la transhumance… A cela s’ajoutent des cas de justice populaire, la prolifération et libre circulation des armes… : la Société civile est venue tirer la sonnette d’alarme, face à ce cocktail explosif.

Aussi bien en Territoire d’Uvira que dans celui de Fizi, une autre constante est l'afflux d'infiltrés burundais et l'impact du nombre croissant de réfugiés arrivant dans la région. On note également la multiplication de petits groupes armés locaux qui forgent des alliances avec les rebelles burundais dont on criant qu’ils ne puissent être utilisés par certains ennemis de la paix, et miner ainsi davantage les efforts de stabilisation déployés par le Gouvernement, avec l’apport des partenaires tels que la MONUSCO. Enfin, la situation politique de l’heure, avec l’incertitude quant à l’issue des négociations en cours à Kinshasa crée une sorte de malaise au sein des populations, qui redoutent des troubles au cas où ces négociations venaient à s’éterniser. Un autre accent a été mis sur les différentes allégations relatives à l’inscription sur les listes électorales de sujets non congolais , avec la complicité de certains locaux ; à ce sujet la société civile doit intensifier la sensibilisation et mettre en garde contre les répercussions de ce phénomène non seulement sur le processus électoral mais aussi sur la cohésion nationale.
La délégation de la Société civile a conclu son analyse en affirmant qu’il est urgent de prendre des mesures fortes pour éviter « une implosion sociale imminente ». Le même constat a également été fait par une délégation des femmes du Territoire de Fizi reçue ce jeudi après-midi à la MONUSCO-Uvira.

Le Chef du Sous-bureau de la MONUSCO-Uvira a remercié ses interlocuteurs pour leur contribution à la Paix. Ould Mohamed Elhacen a expliqué que la MONUSCO avait déjà entrepris plusieurs initiatives dans les domaines qui avaient été mis en évidence et encouragé les femmes à favoriser les liens avec les Sections et projets pertinents de la Mission : le cas par exemple du projet sur la transhumance piloté par la Section des Affaires civiles. Le Chef du Sous-bureau de la MONUSCO-Uvira a également mentionné les activités du STAREC (Programme National de Stabilisation et de Reconstruction) qui concourent aussi à la restauration de l’autorité de l’Etat ainsi qu’à la lutte contre la pauvreté. Enfin, il les a encouragés à prendre contact avec les représentants des réfugiés burundais, particulièrement les femmes, afin de partager leurs préoccupations concernant l'insécurité et surtout de développer des initiatives conjointes en vue de mieux lutter contre l’insécurité qui menace tout le monde.

Quelques recommandations ont été faites à l’issue de cette rencontre, notamment la relocalisation du camp des refugies burundais de Lusenda, un meilleur contrôle de la frontière entre la RDC et le Burundi, la présence et le soutien de la MONUSCO au côté des Forces de Défense et de Sécurité congolaises, l’accélération du processus d’enregistrement des refugiés au niveau des centres de transit et leur transfert au niveau du camp…

Jean-Tobie Okala