La MONUSCO forme le personnel à la gestion d’incidents en milieu carcéral

16 mar 2016

La MONUSCO forme le personnel à la gestion d’incidents en milieu carcéral

Uvira, le 25 février 2016 – Les geôliers, les personnels médicaux de la prison, les policiers et les militaires de garde, les greffiers du tribunal militaire de la garnison d’uvira ainsi que d’autres acteurs de la société-forces vives d’Uvira, soit 30 acteurs étatiques et non étatiques, ont pris part à cet atelier de trois jours, du 23 au 25 février 2016.

Un  atelier  initié par l’unité d’appui à la justice et à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO- Uvira,  en collaboration avec la division provinciale de la justice du Sud Kivu.  « Un cadre d’échange de savoirs et de connaissances jugé opportun », selon l’adjointe à l’administrateur du territoire d’Uvira en charge du développement, madame Noella Nafranga, qui a clôturé l’atelier de ce jeudi au quartier général de la MONUSCO.

Dans son discours, l’autorité territoriale faisait ainsi référence à la dernière évasion survenue la nuit du 06 au 07 février à la prison centrale « Mulunge » d’Uvira. Pour rappel, les prisonniers des cellules 2 et 3 de cette prison avaient profité de la forte pluie qui s’était abattue sur la cité et surtout de l’obscurité créée par la coupure d’électricité pour se sauver. Après des recherches, 17 fugitifs ont été rattrapés sur les 18 évadés. Mais quatre autres voulant escalader la clôture avaient été tués dans une riposte des policiers de garde.

La MONUSCO, selon l’esprit du mandat lui assigné par le Conseil de sécurité des Nations unies dans la résolution 2211, a inscrit cette formation dans le cadre de sa mission de protection des civils. Objectif : sensibiliser les autorités locales et tous les services étatiques sur la gestion des incidents en milieu carcéral et s’assurer qu’ils développent des politiques et le soutien attendus.

D’après le formateur principal de la MONUSCO/Goma, Chambali Desiré Simbi, le nombre d’évasions dans l’Est de la RDC alerte sur le danger. Entre le 7 janvier et le 3 février 2016, 97 cas d’évasion ont été enregistrés dans quatre prisons de l’Est de la RD Congo, notamment à Kamituga(50), Bukavu(3), Uvira(1) et Fizi(43). Bien avant, en octobre 2015 à la Prison de Rutshuru, en Province du Nord- Kivu, d’après la même source, plus de 34 détenus se sont évadés dans des conditions non encore élucidées. Mais bien plus grave encore a été la découverte en janvier 2015 d’une grenade, d’un chargeur AK 47 et de trente munitions à la Prison Centrale de Bukavu. En plus, poursuit la même source, il y a eu des mouvements d’humeur des détenus dû au  manque de bois de chauffe pour la cuisine, ainsi que le retard dans le paiement des salaires des détenus militaires ou encore la lenteur de traitement judiciaire des dossiers.

Conscient de tous ces problèmes, le directeur de la prison centrale d’Uvira, Emmanuel Amisi Kabwe, a reconnu des difficultés pratiques pour la mise en application des connaissances acquises.  « Nous n’avons pas de parloir. Les visiteurs extérieurs ont accès direct à la cour intérieure lors des visites aux  membres de leur famille qui sont détenus », a-t-il dit. Avant de déplorer « la polémique entre policiers, militaires de garde et l’administration pénitentiaire sur  la régularité des pièces de détention. La loi dit qu’après 48 heures, s’il n’y a pas de réaction sur une irrégularité, la personne doit être  acheminée au parquet civil ou militaire. Mais dans la pratique, c’est le contraire. Conséquence, nous avons aujourd’hui 447 personnes dans une prison qui a une capacité d’accueil de 150 personnes. »

L’officier de la section d’appui à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO-Bukavu, Manang Desiré, a saisi l’occasion pour répondre  à toutes les questions des participants, les exhortant à la collaboration et à l’échange d’information sécuritaire au sein de la prison. Cette seule stratégie peut aider à prévenir les évasions et  protéger  ainsi les civils détenus. Le chef du sous bureau de la MONUSCO-Uvira, Mohammed Ould Mohammed, a dit espérer qu’après cette formation, « certaines négligences et laisser-aller seront évités ». Pour rappel, d’autres ateliers de formation similaires avaient été organisés en 2015 par la MONUSCO notamment à Bukavu, Goma, Kisangani et Lubumbashi.

 Fiston Ngoma Mayabala