La Suisse s’investit dans la réinsertion sociale d’ex-combattants au Sud-Kivu

L’ambassadrice de la Suisse en RDC, Siri WALT, à la rencontre d'ex-combattants armés. Photo MONUSCO/Caddy ADZUBA

16 mar 2018

La Suisse s’investit dans la réinsertion sociale d’ex-combattants au Sud-Kivu

Caddy ADZUBA

Bukavu, le 14 mars 2018 – Au Sud-Kivu, une cérémonie d’accueil des combattants démobilisés au sein de leur communauté a été organisée le mercredi 14 mars 2018 à Bunyakiri, en territoire de Kalehe. Les ex-combattants ont tenu un dialogue de réconciliation avec les victimes devant l’ambassadrice de la Suisse en RDC, Siri WALT, le vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu, Hilaire KISUSA KIKOBYA, des ministres provinciaux et une délégation DDRRR de la MONUSCO.

Prêts à rejoindre la vie civile, une vingtaine de combattants venant du groupe armé «Raia Mutomboki» ont déposé les armes à Bunyakiri, en territoire de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu. Pour une réintégration réussie au sein de leur communauté, ces derniers ont décidé de présenter leurs excuses publiquement, en regrettant les actes criminels commis jadis contre leurs propres frères du territoire. 

Ceci fait partie d’un programme développé par la Direction politique des Affaires Étrangères de la Suisse, notamment sa Division de Sécurité humaine. Sous la supervision de l'ambassade de la Suisse en RDC, il a été exécuté localement par l’ONG Action pour la Paix et la Concorde (APC) à hauteur de 450.000 USD.

Kalehe connaît une insécurité qui déstabilise la vie sociale et économique de ses habitants. Plusieurs groupes armés y sont encore actifs. Les groupes Mai-Mai et les Raia Mutomboki y règnent en maître dans différents groupements. Les conséquences restent   néfastes : des femmes violées, des commerçants dépouillés, des villages pillés, avec des déplacements des habitants ainsi que des meurtres. Pendant que l’armée congolaise y traquer les miliciens, il se poursuit le programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (PNDDR). Aux côtés du gouvernement congolais et de ses partenaires, la MONUSCO accompagne les efforts de démobilisation, désarmement et réinsertion.

Toutefois, la réinsertion communautaire pour les combattants qui acceptent d’abandonner les armes reste difficile. A en croire les activistes des Droits de l’homme qui œuvrent dans ce domaine, les ex-combattants en difficulté de se resocialiser retombent dans la violence ou le banditisme. Le geste posé à Bunyakiri, cité en quête de paix et de stabilité, pourrait servir de leçon pour toute la RD Congo : le pardon pour aider ces ex-combattants à mieux gérer leur réinsertion. Des victimes ont accepté le mea-culpa.

L’atmosphère était chargée d’émotion, tel que l’a fait savoir Siri WALT, l’ambassadrice de la Suisse en RDC, en assistant «à cette célébration où les ex-combattants demandent pardon aux victimes et ces dernières qui acceptent de l’accorder.» Pour elle, «ça donne beaucoup d’espoir pour la région. Ceci pourra être aussi un modèle pour d’autres régions».

Cet aboutissement a été difficile, selon une représentante des femmes victimes des actes des Raia Mutomboki en territoire de Kalehe, dont certaines encore sujettes à des traumatismes. « Ce n’était pas facile mais à la fin quand on voit le courage qu’ils ont eu de venir vers nous, c’est aussi une façon de nous guérir (…), une thérapie. »

Pour sa part, Monsieur Ganda Abdourahamane, responsable de la section DDRRR MONUSCO Bukavu, demande aux ex-combattants de devenir des ambassadeurs de paix auprès des autres combattants restés dans la brousse.