''Le travail ne connait pas les différences de genre''

28 jan 2015

''Le travail ne connait pas les différences de genre''

Il faut changer l'embrayage ou remplacer les pneus de votre voiture ? Pas de problème, Bisharo Gure s'en occupe avec plaisir ! Originaire de Dadaab, au Nord-Est du Kenya, Bisharo est déployée à Kalemie en mars 2014 en tant que VNU Mécanicienne. Avant de devenir Volontaire des Nations Unies, Bicharo a travaillé pendant plusieurs années comme Mécanicienne pour le compte de l'Office du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés au Kenya.

Dans la vie, Bicharo a deux passions: le volontariat et la mécanique. ''Travailler comme mécanicienne est un rêve devenu réalité'', vous dira-t-elle. Quand l'ONG CARE International – où elle travaille à l'époque comme Responsable des Cuisines – lui propose de participer à une formation en mécanique, Bicharo accepte sans hésitation et n'a que faire des quand dira-t-on. Un métier considéré pour les hommes ? ''Le travail ne connait pas les différences de genre ! Oui, je suis capable de remplacer une roue toute seule et, oui, je suis capable de conduire un camion ! Je sais ce que je fais et je travaille aussi bien que les hommes.''

Pourtant, Bicharo n'a pas eu la partie facile. Mais c'est cette difficulté qui fera sa force : ''Ma culture ne considère pas l'éducation des filles. Petite, mon père ne voulait pas que j'aille à l'école. J'ai fait mes années de secondaire en cachette, avec la complicité de ma mère''. Déterminée, elle fera fi des coutumes et des traditions et se lance dans des études de quatre ans en génie mécanique. ''J'étais la seule femme apprentie de ma formation. Dans ma communauté, il est très difficile et très rare pour une femme de devenir mécanicienne, en partie à cause du poids des traditions et des préjugés. J'ai souvent été critiquée parce que je voulais devenir mécanicienne. Mais je ne me suis jamais préoccupée de ce que les gens pensaient, je me suis concentrée sur le travail et sur l'apprentissage d'une nouvelle compétence qui, je savais, allaient m'aider dans la vie par après''. Cela fait déjà 9 ans que Bisharo travaille comme mécanicienne. Devenue un exemple de réussite pour sa communauté, cette jeune femme de 30 ans a l'intention, une fois de retour chez elle, d'ouvrir son propre garage et former les femmes qui veulent devenir mécanicienne''.

Sa deuxième passion, le volontariat, est une philosophie de vie, celle d'aider et de se rendre utile à l'humanité : Chauffeur volontaire auprès de Médecins Sans Frontières, Interprète pour l'Organisation Internationale des Migrations, Assistante dans les camps de réfugiés avec l'ONG Kenya International, Bicharo a le volontariat dans le sang. ''Je ne suis pas en République Démocratique du Congo seulement pour faire mon travail, je suis ici pour aider ! C'est cela être volontaire ! Et j'aide le pays en partageant mes connaissances et compétences auprès du personnel local de la MONUSCO et du groupe de femmes de Kamina et en m'engageant, pendant mon temps libre, auprès des orphelins et des personnes âgées de la communcauté locale.''

Pendant les heures de travail, Bisharo coordonne une équipe de quatre employés congolais. Coordonner certes, mais surtout elle cherche à renforcer les capacités de ses collègues nationaux. Les former dans la mécanique mais aussi dans d'autres domaines, comme l'informatique, afin de les rendre plus

performants dans leur travail: ''Je me suis rendue compte que mes collègues ne savaient pas se servir d'un ordinateur. J'ai donc mis un ordinateur à leur disposition et je leur enseigne comment s'en servir. Maintenant ils sont capables de remplir leurs rapports à l'ordinateur sans mon aide.'' Son temps libre, Bicharo le passe avec le groupe de femmes ''Velimier'' (patience en swahili) : ''Je les conseille dans la planification de leurs activités génératrices de revenus et je leur apprend à cuisiner, à faire du pain, des chapatis, des gâteaux, des biscuits, ... Mon objectif est qu'à la fin de ma mission de volontaire, ces femmes ouvrent un restaurant et mettent en pratique les compétences que je leur ai apprises.''

Lorsqu'on l'interroge sur ces motivations à devenir Volontaire de l'ONU, Bicharo explique que c'est dans la suite logique de son parcours de volontaire : ''J'avais envie d'une expérience de volontariat à l'international – je ne suis jamais sortie de mon pays. L'ouverture à d'autres cultures fait partie de mon expérience VNU. C'est bon pour moi et c'est bon pour les autres avec qui je partage mon expérience. Quand je suis arrivée à Kamina, c'était la première fois que j'étais exposée à une langue que je ne pouvais pas comprendre, dit-elle avec le sourire. Je me suis alors dit : je suis dans un pays francophone, il faut que j'apprenne le français ! J'ai alors demandé aux femmes du groupe de me trouver un professeur qui puisse m'apprendre le français. Après quelques mois, je suis à même de comprendre une conversation. Dans peu de temps, je compte pouvoir tenir une conversation en français.''