Les autorités provinciales et la MONUSCO lancent un pré-dialogue contre les Violences communautaires à Djugu

David Gressly, Représentant adjoint de la MONUSCO, Cecila piazza, cheffe de bureau de la MONUSCO-Bunia et Jefferson Abdallah Pene Mbaka, gouverneur de la province de l’Ituri, au cours d'un atelier de pré-dialogue à Fataki ayant pour but de réunir tous les chefs de groupement et de chefferie du territoire de Djugu afin d’apaiser les tensions inter-ethniques ayant causé mort d’hommes cette contrée entre mi-décembre 2017 et avril 2018. Photo MONUSCO/Marylène Seguy

20 aoû 2018

Les autorités provinciales et la MONUSCO lancent un pré-dialogue contre les Violences communautaires à Djugu

Marylène Seguy

 

Plusieurs mois en arrière, les cris des élèves du petit séminaire de Fataki résonnaient encore à travers les longs couloirs de ce lieu d’enseignement. En janvier dernier, prêtres, enseignants et élèves ont fui, laissant derrière eux des salles de classe et des dortoirs désespérément vides dans lesquels seul le vent des hauts plateaux s’engouffre. Ils sont allés chercher refuge à Bunia, à environ 80 kilomètres de là, fuyant les violences inter-ethniques qui faisaient rage depuis mi-décembre 2017 dans le territoire de Djugu, situé dans le nord-est de la RD Congo.

 

Même si un calme précaire est revenu dans cette contrée depuis environ deux mois, il n’en reste pas moins que des tensions subsistent entre les différentes ethnies qui peuplent cette terre. C’est dans le cadre du lancement d’un atelier de pré-dialogue entre les communautés engagé par la MONUSCO et les autorités locales et provinciales que David Gressly, numéro 2 de la MONUSCO en charge des opérations, Cécilia Piazza, cheffe de bureau de la MONUSCO-Bunia, et Jefferson Abdallah Pene Mbaka, gouverneur de la province de l’Ituri, se sont rendus au petit séminaire de Fataki le 15 août dernier.

 

Dans son discours d’ouverture, le Représentant spécial adjoint n’a pas manqué de saluer l’engagement des pouvoirs publics au côté des chefs coutumiers pour engager un dialogue d’apaisement à travers une campagne de sensibilisation des populations en mai et juin derniers. « L’initiative lancée sous les auspices du gouvernement provincial aura permis aux chefs coutumiers ainsi qu’aux présidents des jeunes des onze chefferies et secteurs de parcourir les principales entités du territoire de Djugu affectées par les violences du début de cette année.

 

Cet effort sans précédent a d’ores et déjà porté des fruits importants tels que, par exemple : une meilleure compréhension commune des défis auxquels les populations sont confrontées, un rapprochement entre autorités et administrés, un retour spontané des personnes déplacées dans plusieurs localités ».

 

Malgré tout, cela n’est pas suffisant afin de ramener la concorde parmi les ethnies ce territoire qui pourtant, des années durant, vivaient en bonne entente. Beaucoup reste encore à faire pour renouer la confiance entre les communautés, renforcer l’autorité publique notamment dans les chefferies et créer un environnement stable et sécuritaire pour les résidents de Djugu, y compris dans les zones de retour. Alors qu’une accalmie relative est observée depuis début avril dernier, la priorité immédiate reste d’éviter un retour à la violence.

 

David Gressly l’a mentionné dans son discours à l’attention des chefs coutumiers : « Forts de votre légitimité, de votre autorité morale et d’une connaissance intime de vos communautés, vous avez clairement démontré votre volonté d’œuvrer en faveur de la paix et de la coexistence pacifique. Dans le cadre de la feuille de route que vous avez élaborée à Bunia les 22 et 23 mai derniers avec la facilitation de la MONUSCO, nous abordons maintenant un nouveau chapître, celui du pré-dialogue ».

 

La campagne de sensibilisation qui s’est tenue du 1er au 21 juin 2018, en partenariat avec le gouvernement provincial de l’Ituri, a démontré une fois de plus que les autorités coutumières demeurent disposées au dialogue. Par ailleurs, l’approche retenue par la Division des Affaires civiles de la MONUSCO met aussi l’accent sur le dialogue à la base et la prise en compte des besoins exprimés par les populations concernées afin de contribuer à un climat propice à des interventions de stabilisation de plus longue durée.

 

A terme, et dans la perspective d’actions de stabilisation, ce pré-dialogue avait pour but de préparer le terrain pour une recherche commune de solutions durables et consensuelles aux défis posés par les conflits communautaires, lesquels affectent non seulement les conditions de sécurité et de protection des civils mais aussi le fonctionnement et l’action des autorités dans le territoire.

 

Le défi des mois à venir à travers d’autres dialogues est que le territoire de Djugu devienne un modèle de réconciliation et d’harmonie pour la province de l’Ituri. Ainsi, en septembre prochain, le petit séminaire de Fataki accueillera à nouveau ses pensionnaires, tant prêtres qu’élèves. Signe que Fataki et ses environs connaissent un certain retour à la stabilité, même si encore fragile.