Les déplacés de Mutarule ont commencé à retourner chez eux

17 aoû 2015

Les déplacés de Mutarule ont commencé à retourner chez eux

Il y a un peu plus d'un an, plus de 5000 personnes fuyaient cette localité de la Plaine de la Ruzizi dans le Territoire d'Uvira, suite à des massacres consécutifs à des tensions communautaires. Depuis lors, les autorités locales, la Monusco et la Société civile ont joint leurs efforts pour permettre le retour de ces déplacés dans leur communauté.

Mutarule, le 15 août 2015 – Ils étaient peu nombreux à parier un kopek pour le retour des déplacés de Mutarule dans leur communauté. Mais c'était sans compter sur l'engagement et la mobilisation des uns et des autres, dont la Mission des Nations Unies en RDC ; la Monusco qui depuis les massacres de juin et d'août 2014, n'a ménagé aucun effort pour favoriser ce retour célébré ce samedi 15 août 2015 dans la joie.

Jour après jour, la Monusco a mobilisé ses équipes et ses moyens pour offrir des garanties sécuritaires et de protection aux déplacés de Mutarule dont environ 1500 - parmi les quelque 5700 personnes qui avaient fui le Village en 2014 - ont choisi ce samedi de retourner chez eux. Car parmi les « conditions » posées par ces déplacés pour rentrer à Mutarule, figuraient entre autres leur sécurité ; en plus des activités génératrices de revenus ou la réhabilitation des infrastructures de base détruites lors des évènements d'août 2013 et juin 2014 (écoles, centre de santé, marché, puits d'eau, etc.).

Ce samedi 15 août 2015, c'était jour de fête à Mutarule-Katekama. La localité qui s'était vidée de presque tous ses habitants en 2014 accueillait les premiers retournés. Témoins de l'évènement, des habitants des villages voisins, les équipes civiles et militaires de la Monusco-Uvira, des éléments de la Police congolaise ainsi que du Bataillon des FARDC spécialement affecté sur place pour la circonstance…, et l'Administrateur du Territoire d'Uvira. Samuel Lungange Lenga pour qui ce jour est « un jour de joie, de regrets et de réflexion. Joie d'accueillir nos frères qui avaient quitté le Village dans les conditions que vous connaissez ; regrets parce qu'ils nous rappellent les tristes évènements de l'année dernière. Enfin, réflexion, parce que nous devons penser maintenant à des moyens pour éviter ce qui s'est passé ici ».

Pour ce retour sécurisé et dans la dignité des populations à Mutarule-Katekama, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a mis à leur disposition deux camions ; ceux-ci ont effectué plusieurs rotations entre Kasenga, Uvira, Sange, Kyanunda, Nyakabere et Mutarule. D'autres déplacés avaient choisi de marcher à pied ou d'emprunter des moyens privés pour retourner chez eux (voitures, motos…). Aussitôt arrivé, le chef du village, déplacé lui-meme, le notable Bireke Saidi, a décrété une mobilisation générale de sa population dès la semaine prochaine pour les travaux d'assainissement du village, noyé dans les herbes depuis plus d'une année. Au total, ce sont 362 ménages, soit plus de 1500 personnes, qui sont retournés ce samedi 15 aoùt à Mutarule. Les rotations vont se poursuivre ce lundi.

Mais l'appui des Nations Unies au retour des déplacés de Mutarule va bien au-delà des moyens logistiques. Dans le cadre de la protection des civils et de la restauration de l'autorité de l'Etat, la Monusco a entre autres œuvré pour le rétablissement de la confiance entre les FARDC et les déplacés, avec le déploiement d'une nouvelle équipe et d'un nouveau commandement. La Mission des Nations Unies au Congo a également ouvert un Ilot de Stabilité dédié à la Plaine pour une meilleure proximité avec les populations. Dans le cadre des Projets à Impact Rapide (QIP), la Monusco a financé la construction de 2 bureaux pour la DGM pour mieux contrôler la frontière sur la rivière Ruzizi, ainsi que la construction de 2 puits d'eau dont un a été officiellement remis ce samedi aux retournés.

Bien plus, outre des patrouilles mixtes avec les FARDC, la Monusco a établi une base militaire opérationnelle (COB) à Mutarule ; de même, elle a organisé plusieurs activités sportives et socio-culturelles inter-communautaires ; plaidé auprès des autorités en vue d'augmenter les effectifs de la Police nationale ; laquelle Police est désormais appuyée en carburant pour lui permettre de mener à bien ses activités ; la Monusco a aussi organisé des dizaines de réunions inter-communautaires qui ont permis de renouer le dialogue entre les différentes communautés.

A ces mesures et bien d'autres, s'ajoutent trois visites effectuées par Martin Kobler, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, en l'espace de 9 mois ; ou encore des Mécanismes d'Alerte Précoce mis en place pour vérifier des allégations et autres menaces sur les populations civiles. Bref, autant de mesures mises en place ou obtenues grâce au plaidoyer de la Monusco qui ont permis de redonner confiance et convaincu ces milliers de déplacés de retourner chez eux à Mutarule.

Jean-Tobie Okala




Photos: Monusco/Jean-Tobie OKALA