L'ONU veut renforcer l'égalité des sexes et le leadership des femmes dans les opérations de paix

14 oct 2015

L'ONU veut renforcer l'égalité des sexes et le leadership des femmes dans les opérations de paix

13 octobre 2015 – A l'occasion des quinze ans anniversaires de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU sur la participation des femmes dans les processus de paix, le Secrétaire général de l'Organisation, Ban Ki-moon, a appelé à faire du renforcement de l'égalité des sexes et du leadership des femmes au sein des opérations de paix de l'ONU une priorité.

« Il y a quinze ans, la résolution 1325 du Conseil de sécurité a souligné le lien critique entre l'égalité des sexes et la paix et la sécurité internationales », a déclaré M. Ban lors d'un débat public au Conseil de sécurité pour commémorer l'adoption de cette résolution. « Depuis lors, le Conseil a adopté plusieurs autres résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité, chacune d'entre elles sonnant comme un appel à l'action pour la communauté internationale ».

Le Secrétaire a indiqué qu'il s'était personnellement investi au cours de son mandat dans la mise en œuvre de ces différentes résolutions, notamment en faisant du leadership des femmes dans le maintien de la paix une priorité.

« J'ai nommé cinq femmes en tant que mes représentantes spéciales dans le cadre de plusieurs missions de maintien de la paix de l'ONU, d'Haïti à la Côte d'Ivoire, en passant par le Sahara occidental, le Soudan du Sud et Chypre », a-t-il précisé, soulignant également avoir nommé la première femme à la tête d'une force des Nations Unies (la Norvégienne Kristin Lund, au poste de commandant de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre).

Le Secrétaire général a rappelé que cette année, trois examens majeurs ont été effectués, qui ont porté sur les opérations de paix des Nations Unies, l'architecture de consolidation de la paix de l'Organisation, et la question des femmes, de la paix et de la sécurité.

« Un thème commun a émergé de ces examens : les réformes doivent faire de l'égalité des sexes et du leadership des femmes le thème central, et doivent être fortement ancrées dans les droits de l'homme », a déclaré M. Ban.

Une nouvelle étude publiée mardi sous la direction de l'ONU-Femmes démontre précisément que l'autonomisation des femmes et l'égalité des sexes contribuent à la conclusion et à la mise en œuvre durable d'accords de paix.

Intitulé 'Preventing Conflict, Transforming Justice, Securing the Peace: A Global Study on the Implementation of Security Council resolution 1325', ce rapport souligne en effet que la participation des femmes aux négociations de paix augmente de 20% la probabilité de mise en œuvre durable des accords de paix sur une période d'au moins deux ans, et de 35% sur une période de 15 ans. De plus, les données de l'étude démontrent qu'il existe une corrélation entre le niveau d'égalité des sexes d'un pays et la probabilité qu'il n'ait pas recours à la force dans ses relations avec d'autres pays.

Le Secrétaire a par ailleurs appelé à agir en priorité pour aider les femmes les plus vulnérables dans le monde.

« Confrontées à des inégalités sur la base du genre et de l'ethnicité, les femmes autochtones souffrent souvent de multiples formes de discrimination, en particulier en temps de conflit », a-t-il précisé, appelant les Etats membre à faire davantage pour lutter contre la propagation de l'extrémisme violent prôné par des groupes terroristes tels que Daech et Boko Haram.

 

Le chef de l'ONU a notamment déclaré que les tueries systématiques, la torture, le viol et l'esclavage sexuel perpétrés par Daech contre la communauté yézidie étaient susceptibles de constituer des crimes de guerre, contre l'humanité et de génocide.

« Nous devons veiller à la reddition de comptes », a-t-il insisté.

M. Ban a d'autre part listé un certain nombre de réformes entreprises à l'ONU sur la question des femmes et de la paix.

Au nombre d'entre elles, le Secrétaire général a mentionné la restructuration en cours au sein du Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, afin d'obtenir une meilleur représentation des femmes aussi bien au Siège de l'Organisation que dans les missions sur le terrain. Le Département des affaires politiques, a-t-il ajouté, a quant à lui mis en évidence la nécessité de déployer des conseillers de la problématique du genre dans toutes les missions politiques spéciales.

De son côté, le Département de l'appui aux missions met en œuvre des mesures visant à lutter contre l'exploitation et les abus sexuels et à accroître la représentation des femmes dans les missions de maintien de la paix, en particulier au niveau des postes de décision. M. Ban a également assuré que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) fera en sorte que les résultats et les engagements du prochain Sommet humanitaire mondial en 2016 mettent un fort accent sur l'égalité des sexes.

« Je m'engage personnellement à faire tout mon possible pour veiller à ce que nous atteignions l'objectif de consacrer 15% de fonds de consolidation de la paix à des projets qui visent à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes », a-t-il déclaré. « À une époque où les groupes extrémistes armés placent la subordination des femmes au sommet de leur projet, nous devons placer le leadership des femmes et la protection des droits des femmes au sommet du nôtre », a affirmé le chef de l'ONU.

Au cours du débat public auquel participait M. Ban sur les femmes, la paix et la sécurité, les membres du Conseil de sécurité ont adopté une résolution demandant aux Etats membres de veiller à ce que les femmes soient mieux représentées à tous les niveaux décisionnels dans l'ensemble des institutions nationales, régionales et internationales impliquées dans le règlement des conflits.

Egalement présente au débat du Conseil de sécurité, la Directrice exécutive de l'ONU-Femme, Phumzile Mlambo-Ngcuka, a listé une série de mesure visant à améliorer la mise en œuvre des résolutions du Conseil sur les femmes, la paix et la sécurité.

« Chaque processus de paix que nous souhaitons inscrire dans la durée doit inclure les femmes », a-t-elle déclaré, tout en insistant également sur la nécessité d'inciter les Etats membres à transformer leurs forces de maintien de l'ordre en augmentant le nombre de femmes aux postes de direction dans la police.

Mme Mlambo-Ngcuka a aussi appelé la communauté internationale à prendre des mesures énergiques contre les auteurs de violences sexuelles ou à caractère sexuel et à s'assurer que les pays ne soient pas en mesure de protéger les auteurs de tels crimes.

« Nous devons prendre des mesures pour renforcer le statut de défenseur des droits humains des femmes, et nous devons agir et investir pour prévenir les conflits », a par ailleurs ajouté la Directrice exécutive de l'ONU-Femme.

Mme Mlambo-Ngcuka a rappelé que la prévention des conflits et la consolidation de la paix sont des institutions dans lesquelles les Etats membres doivent investir, comme ils investissent dans la santé ou l'éducation.