Arrivé en fin de mandat à la tête de la FIB, le général Matambo salue de «vrais succès» mais admet des regrets

Le général Matambo du Malawi s’apprête à quitter Beni, au Nord-Kivu, au terme de douze mois passés à la tête de la Brigade d’intervention de la MONUSCO (FIB).

4 sep 2024

Arrivé en fin de mandat à la tête de la FIB, le général Matambo salue de «vrais succès» mais admet des regrets

Jean-Tobie Okala

Le général Matambo du Malawi s’apprête à quitter Beni, au terme de douze mois à la tête de la Brigade d’intervention de la MONUSCO (FIB). Mardi 3 septembre, c’est dans l’immense cour de la base militaire de la mission onusienne à Mavivi, à une dizaine de kilomètres de la ville de Beni au Nord-Kivu, que l’officier a répondu aux questions de la presse. Sans détours et avec franchise.

Il reconnaît volontiers un bilan plutôt mitigé à la tête de la Brigade d’intervention qui est engagée aux côtés de l’armée congolaise pour combattre les ADF dans la région de Beni. La mobilité de cette rébellion vers d’autres territoires (Lubero) et province (Ituri) et la désinformation ne facilitent pas le travail des Casques bleus.

Des succès avant tout…

Malgré tout, le général Matambo part avec quelques motifs de satisfaction. Les opérations menées contre les ADF en Ituri notamment ont été couronnées de succès. « Je dirais que le bilan est mixte depuis que j’ai pris le commandement de la FIB, composé de succès mais aussi de beaucoup de défis. Parmi les succès, je peux citer entre autres l’opération « Spider web 1 » en Ituri dans la zone de Fataki, ça a été un vrai succès. Nous avons répondu à toutes les alertes qui ont concerné les menaces envers les populations civiles. Il y a eu aussi le soutien apporté à nos partenaires des forces de sécurité locales. Globalement, pendant mon année de mandat, nous avons lancé 15 opérations d’envergure, où les troupes de la FIB ont opéré avec les partenaires, les forces de sécurité locales ; en plus des opérations de routine (patrouilles que nous menons pour sécuriser la population civile ou pour répondre à des alertes) ou la réponse à des alertes. Par exemple, dans la zone de Fataki, la FIB est intervenue à la suite des attaques qui étaient menées dans les camps de déplacés par les miliciens de la Codeco. A la suite de cette intervention, les miliciens ont été repoussés plus vers le nord et, jusqu’à présent, cette population-là et ces camps de déplacés sont en sécurité », inventorie-t-il.

Autre succès : la sécurité des couloirs humanitaires pendant l’offensive du M23. « Plus au sud, la FIB est intervenue dans le territoire de Lubero, dans le cadre de « l’opération Springbok », où nos troupes ont été déployées vers Kanyabayonga pour aider à ouvrir des couloirs humanitaires, lorsque l’offensive du M23 s’est produite. Cela a permis aux populations de pouvoir trouver refuge de la zone de Kaseghe, en remontant vers Kanyabayonga, Kaina et Kirumba, pour être conduites en parfaite sécurité», se félicite le général Matambo.

L’avancée du M23 dans le territoire de Lubero s’est ajoutée au périlleux problème des ADF et des groupes Mai-Mai. Là encore, le commandant de la FIB estime que ses hommes ont répondu présents : «À la suite des alertes que nous recevons, nous intervenons dans des délais assez convenable, pour pouvoir sécuriser la population. Cela, même si les combattants (ADF) ne sont pas dans la zone, nous établissons des bases mobiles, tout autour de ces villages, pour permettre à la population de reprendre confiance, de reprendre ses activités champêtres et de vivre en paix ; et cela dissuade les groupes armés de revenir. Et par rapport à Kanyabayonga, bien que la cité soit sous le contrôle du M23, la MONUSCO est toujours présente là-bas ; cela a un intérêt purement stratégique, car Kanyabayonga reste un territoire congolais et nous avons cet accord avec l’Etat congolais de rester là-bas, pour rassurer la population, sécuriser cette population ».

Des regrets tout de même…

Lorsqu’on lui demande s’il a des regrets, le général Matambo n’y va pas par quatre chemins : la mobilité des ADF et la désinformation rendent difficile le travail des Casques bleus. « L’expansion des ADF dans la zone de Lubero rend la tâche plus compliquée à la FIB qui était initialement localisée dans le territoire de Beni. Cependant, la réaction de la MONUSCO a aussi été d’étendre la zone de responsabilité de la FIB, afin qu’elle puisse opérer de manière plus excentrée de Beni, notamment vers le territoire de Lubero et au nord vers la zone de Mambasa jusqu’à Komanda en Ituri. Si nous avions eu la possibilité d’une plus grande mobilité, nous aurions pu faire plus. Si le contexte et l’environnement l’avaient permis, nous aurions probablement fait plus. Un autre aspect qui a aussi joué en notre défaveur, c’est la désinformation dont la MONUSCO est souvent victime. Nous aurions pu faire mieux sans ces deux facteurs », argumente l’officier.

Enfin, le général Matambo ne manque pas de saluer la collaboration avec les forces de sécurité et de défense congolaises, sans lesquelles ces résultats n’auraient pas été obtenus. « Nous n’aurions pu obtenir les résultats que j’ai mentionnés sans la collaboration de nos partenaires des FARDC. Je les en remercie. La collaboration a été presque parfaite, aussi bien avec les FARDC qu’avec la PNC, lors de nos différentes opérations conjointes. Nous opérons toujours de manière conjointe avec ces forces. Cependant, il est important que la coordination et la collaboration avec les UPDF [ndlr : armée ougandaise] soit renforcée. Certes, les FARDC servent d’interface quand cela est nécessaire, mais cela pèse sur l’effort collectif qui aurait pu être mené de concert avec toutes ces forces présentes dans une même zone d’opérations », conclut-il, tout en souhaitant une plus grande coopération entre l’opération SHUJAA - menée par les armées congolaises et ougandaises - et la MONUSCO.