Nyiragongo : 150 lampadaires solaires pour lutter contre l’insécurité dans les sites de déplacés

Les camps de Kanyaruchinya et de Bushagara, accueillant des milliers de personnes, ont longtemps souffert d'une insécurité exacerbée par l'obscurité nocturne. / Photos A. Wandimoyi

16 oct 2024

Nyiragongo : 150 lampadaires solaires pour lutter contre l’insécurité dans les sites de déplacés

Alain Wandimoyi

La MONUSCO a installé des lampadaires solaires dans les sites de déplacés de Kanyaruchinya et de Bushagara, dans le territoire de Nyiragongo, au Nord-Kivu. Le projet a été financé par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) et piloté par son partenaire l’ONG GEWEVUCA.

« Nous avons réussi à installer 150 lampadaires solaires, répartis équitablement entre les deux sites. Ce projet vise à améliorer la sécurité autour des lieux publics et à renforcer la confiance des déplacés envers les institutions qui les soutiennent », explique Lebon Kabene, directeur exécutif de GEWEVUCA.

Les deux camps, accueillant des milliers de personnes déplacées ayant fui les conflits qui perdurent au Nord-Kivu, ont longtemps souffert d'une insécurité exacerbée par l'obscurité nocturne.

Les viols et autres agressions physiques sont devenus une réalité quasi quotidienne pour les femmes et les jeunes filles qui, avec l’obscurité, se voyaient souvent contraintes de renoncer à des activités vitales comme aller aux latrines ou se rendre aux points d’eau.

« Les enfants, eux aussi, perdaient parfois leur chemin parmi les tentes de fortune, incapables de retrouver leurs abris », souligne Théo Musekura, coordonnateur et président de ces sites de déplacés.

« La lumière chasse l’insécurité »

Les lampadaires solaires permettent également aux femmes de mener des activités commerciales nocturnes en toute sécurité, ce qui contribue à améliorer leur autonomie financière.

« Avant, la nuit, tout le monde devait rester enfermé dans son abri. Maintenant, je peux rester au marché jusqu’à 23 heures sans craindre pour ma sécurité », affirme Mireille, une déplacée. Ce sentiment est partagé par de nombreux habitants qui notent une réduction des agressions.

Théo Musekura renchérit : "La lumière chasse l’insécurité. Dans la clarté, ceux qui ont des intentions malveillantes ne peuvent plus agir impunément". L’éclairage public a non seulement permis de protéger les individus, mais il a aussi renforcé la cohésion sociale et la vie communautaire, permettant aux activités économiques de se poursuivre en toute sécurité.

Appropriation collective

Les lampadaires, qui s’allument automatiquement à partir de 18 heures et s’éteignent à 5h30, ont été placés stratégiquement près des lieux d’aisance, des petits marchés et des points d’eau : endroits souvent pris pour cible par les agresseurs.

L'appropriation de ce projet par la communauté est également une clé de son succès. Les jeunes du comité de sécurité ont été formés pour surveiller et entretenir les lampadaires. « Nous avons été initiés à utiliser les télécommandes et à alerter en cas de défaillance", explique un membre du comité.

Ce processus d'engagement local est crucial à double titre : il crée un sentiment de responsabilité partagée et de vigilance au sein de la communauté ; il assure également la pérennité du projet.

Cependant, malgré les avancées, le besoin d'éclairage reste considérable dans ces sites et au-delà. Actuellement, environ 30 à 40 % des zones nécessitent encore une attention particulière.

Lebon Kabene appelle donc d'autres organisations à se joindre à cette initiative afin d'étendre l’éclairage à d'autres sites où l'insécurité persiste, insistant sur la nécessité d’un soutien accru : « Nous continuons de plaider auprès de notre partenaire, la MONUSCO, pour étendre ce projet à d'autres sites. La sécurité de nos populations doit rester une priorité ».

Enfin, Théo Musekura exhorte le gouvernement à « restaurer la paix pour permettre à chacun d’espérer rentrer, un jour, dans son village ».