RDC : des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan d’action national de la résolution 1325

La participation au gouvernement congolais de Rose Mutombo, ministre de la Justice, est le fruit du plaidoyer des femmes à travers la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

10 mar 2022

RDC : des progrès réalisés dans la mise en œuvre du plan d’action national de la résolution 1325

Lydie Betyna

Des progrès sont enregistrés dans la mise en œuvre du Plan d’action national de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, sur les femmes, la paix et la sécurité, bien que des efforts restent attendus dans le respect des textes et des engagements.

C’est le constat fait par une centaine de femmes congolaises, dont des membres d’organisations de la société civile, des institutions parlementaires nationales et provinciales et des forces nationales de sécurité, dont la Police nationale congolaise (PNC) et les Forces armées de la RDC (FARDC).

Ces femmes étaient réunies à Kinshasa, du 1er au 3 mars 2022, à l’occasion de journées portes ouvertes sur la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Des assises organisées par la Mission de l’ONU en RDC, en collaboration avec ONU Femmes.

Respect des textes et des engagements

Ces rencontres étaient l’occasion d’évaluer le plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325. Dans son discours lu par sa directrice de cabinet adjointe qui la représentait à cette rencontre, la ministre congolaise du Genre, famille et enfants a estimé que la participation des femmes dans les instances de décisions de la RDC a connu une ascension.

« Le taux de femmes au sein du gouvernement est passé à 27%. Pour la première fois dans notre pays, une femme a été élue présidente de l'Assemblée nationale. Les femmes sont à plus de 30% au bureau de l'Assemblée nationale. Dans le secteur des finances, une femme pour la première fois a été nommée à la tête de la Banque centrale du Congo », a-t-elle affirmé.

Gisele Ndaya Luseba dit noter également que « le pays dispose d'un arsenal juridique qui promeut la participation de la femme aux instances de prise de décisions ».

Les participantes regrettent cependant que ces textes ne soient pas appliqués. Elles invitent ainsi le gouvernement congolais à respecter les textes et engagement nationaux et internationaux de promotion de la participation des femmes aux postes de décisions nominatifs et électifs.

Mobiliser des fonds

Intervenant à son tour, la ministre d’Etat en charge de la Justice, Rose Mutombo, a rappelé que sa participation au gouvernement congolais est le fruit du plaidoyer des femmes à travers la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

« Et je crois formellement que ce plaidoyer que nous menons, surtout en tant que société civile, a porté ses fruits en RDC. Je reconnais les efforts du gouvernement et de l’autorité politique actuelle qui entend quand même la voix des femmes. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui on a pu changer la donne par rapport aux statistiques dans notre pays », a-t-elle affirmé.

Pour la ministre, l’un des défis majeurs à relever reste la mobilisation des fonds. « Que ce soit la première ou la deuxième génération du plan d’action national de la 1325, il y a un défi qui demeure encore, c’est la mobilisation des fonds. Si on n’arrive pas à mobiliser les fonds, ce document qui a été validé va demeurer lettre morte », a-t-elle averti. 

Rose Mutombo a lancé un appel en direction des différents partenaires pour « accompagner la RDC dans ce programme ambitieux couché dans le plan d’action national deuxième génération pour qu’il soit réellement effectif ».

Continuer la lutte

Faisant écho aux membres du gouvernement congolais, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, Bintou Keita, a jugé important de « continuer la lutte contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ».

« Et pour ça, il faut travailler avec les jeunes, les étudiants, les journalistes et les forces de sécurité nationale ; mais en même temps, lorsque les femmes sont sous-représentées, il faut s'assurer qu’on ait des mécanismes qui leur permettent d'être protégées », a-t-elle affirmé.

La cheffe de la MONUSCO a notamment évoqué une enquête en cours menée par la division des Affaires politiques de la Mission sur les formes de violences physiques, symboliques, morales et autres auxquelles les femmes sont confrontées lorsqu'elles participent au processus politique en RDC.

« Nous avons donc pour objectif, en faisant cette étude que nous espérons être à temps pour faire en sorte qu'on se rende bien compte des besoins de sécurité et de protection des femmes candidates et élues pour le prochain processus électoral de 2023 », a-t-elle expliqué.

Bintou Keita s’est en outre réjouie des progrès en matière de prévention et protection des femmes contre les violences sexuelles et basées sur le genre et de lutte contre l'impunité. 

« Je vois des sanctions qui sont données. Et malheureusement, ce n’est pas relayé quand il y a ces sanctions. On ne voit que le côté où l'impunité est très grande. Mais là où il y a des punitions, je crois qu'il faut les relayer parce que c'est comme ça que ça encourage de dire qu'il y a des progrès », a-t-elle expliqué.

Enfin le représentant d’ONU Femmes en RDC, Adama Moussa, a estimé que la résolution 1325 compte parmi les plus vivantes « car elle est tout simplement l’une des plus appropriées par tous les acteurs, l’une des plus vulgarisées et avec un mécanisme régulier de redevabilité ». 

Rappelant que « toutes les solutions durables aux différents conflits passent nécessairement par l'implication effective des femmes », il a encouragé les acteurs de ce secteur à « poursuivre la dynamique ».

M. Moussa a enfin réaffirmé l'engagement solennel de l’organisation qu’il dirige à pouvoir accompagner l'ensemble de ce processus.