Sud-Kivu : avancée dans la résolution du problème d'espaces pour les pygmées

Séance de restitution des conclusions des rencontres pour résoudre le conflit pygmées-communauté Shi et le PNKB. Photo MONUSCO/Alain LIKOTA

22 mai 2018

Sud-Kivu : avancée dans la résolution du problème d'espaces pour les pygmées

Alain LIKOTA

Kavumu, le 18 mai 2018 – Au Sud-Kivu, la communauté pygmée revendique depuis plusieurs années des espaces de terre pour leur vie, leur survie, après avoir été expulsés du Parc National Kahuzi Biega (PNKB) dans les années 70. Ce problème serait en voie de trouver une solution, après plusieurs rencontres de médiation.

 

Par une ordonnance présidentielle du 30 novembre 1970, un espace important (60 000 hectares) dans la province du Sud-Kivu, principalement dans les territoires de Kabare, Kalehe et Shabunda, a été attribué au PNKB, créé par le même acte juridique et devenu patrimoine mondial, géré au plan national par l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).

Les pygmées, appelés aussi "Bambuti" ou "Twa", qui occupaient jadis cet espace et vivaient surtout de la chasse et de la cueillette, ont été, depuis, sommés de quitter le PNKB. A les croire, aucune indemnisation ni terre de rechange ne leur a été attribuée en compensation.

 

Au contraire, leur présence dans les alentours du PNKB dans des espaces appartenant à des bantous, principalement les Shi (l'une des principales tribus du Sud-Kivu,) ainsi que leurs activités de survie devenues illégales dans le PNKB, ont été à la base de multiples tensions, parfois meurtrières, entre eux et les Shi, y compris avec l’administration du PNKB.

Dans le cadre de son mandat, la MONUSCO, à travers sa section des Affaires Civiles, a appuyé un certain nombre de rencontres de médiation impliquant des représentants de la communauté pygmée, des Shi, du Ministère provincial de l'intérieur et du Parc National Kahuzi Biega (PNKB) en vue de trouver des solutions concertées à ces tensions. Des avancées ont été notées.

 

Lors de sa visite au Sud-Kivu au début du mois de mai 2018, Mme Leila Zerrougui, Représentante Spéciale du Secrétaire Général de l'ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO, a rencontré, entre autres, des représentants des Tswa à Bukavu.

Lors des échanges où elle a écouté attentivement les uns et les autres, Mme Zerrougui avait relevé que les problèmes fonciers sont à la base de plusieurs conflits, pas seulement au Sud-Kivu. A la même occasion, elle avait encouragé le dialogue afin d'avancer vers des solutions.

Dans une rencontre tenue le 2 février 2018 à Miti en territoire de Kabare, plusieurs recommandations avaient été formulées dans le sens de résoudre le conflit. Les recommandations retenues ont alors été reprises dans un document signé par les parties au conflit le 14 mai courant.

Ce document des conclusions indique, par exemple, que la chefferie de Kabare devrait identifier et proposer au Gouvernement de la RD Congo, dans un délai raisonnable, des terres susceptibles d’être octroyées aux membres de la communauté Twa. La sensibilisation à l’auto-prise en charge et à la protection du patrimoine mondial qu’est le Parc National Kahuzi Biega se trouvent parmi les recommandations retenues dans ce document signé par les parties au conflit en début de cette semaine.

C’est pour s’assurer de la bonne compréhension de l’étape actuelle qu’une séance de restitution de ces résolutions avec les communautés vivant autour du PNKB a eu lieu ce vendredi 18 mai 2018 à Kavumu en territoire de Kabare, à l’initiative de la Section des Affaires Civiles de la MONUSCO Sud-Kivu.


Si les parties se sont finalement mises d'accord, il reste cependant de voir la matérialisation de différentes recommandations finales par les acteurs clefs.