Un projet pilote pour renforcer la communication auprès des communautés
Au cours des deux dernières années, les médias et les organisations non-gouvernementales ont signalé des allégations d’exploitation et d’abus sexuels commis par le personnel de l’ONU. Des rapports indépendants de haut niveau et des Nations Unies ont mis en évidence les défis du système des Nations Unies pour traiter et répondre correctement à ces allégations. De tels actes compromettent la crédibilité et ternissent l’image de l’Organisation dans les pays où des missions de maintien de la paix sont déployées et sur la scène internationale, tout en détruisant la vie de ces mêmes personnes que l’ONU est censée protéger.
En mars 2017, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a fait de la question de l’exploitation et des abus sexuels une de ses priorités, a dévoilé sa nouvelle approche au sein de l’Organisation. La stratégie du Secrétaire-général comporte quatre volets. Tout d’abord, il s’agit de placer les droits et la dignité des victimes au centre de notre attention. Selon cette stratégie, l’ONU veillera à ce que les victimes reçoivent le soutien et l’attention qu’elles méritent. Deuxièmement, le Chef de l’ONU entend mettre fin à l’impunité grâce à une transparence accrue et à un renforcement du signalement et des enquêtes. Troisièmement, il propose de construire un réseau véritablement multipartite et ouvrir l’Organisation aux commentaires, aux conseils et à l’expertise de la société civile et des partenaires externes. Enfin, il demande à l’ONU de réorienter son approche de la communication stratégique afin de sensibiliser le public mondial aux problèmes de stigmatisation et de discrimination auxquels les victimes sont confrontées et en élargissant l’utilisation de la technologie et des média sociaux afin d’accroître la transparence.
Pour relever en partie ces défis, un projet pilote de six mois visant à renforcer les capacités stratégiques des Missions de maintien de la paix dans le domaine de la communication a été mis en place. Financé par le gouvernement du Royaume-Uni dans le cadre de son soutien programmatique au Maintien de la paix, ce projet de six mois est piloté dans deux missions sur le terrain, la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en RD Congo (MONUSCO) et la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations Unies en Centrafrique (MINUSCA), et supervisé par une chef de projet au sein de la Section des Affaires publiques du Département des Opérations de maintien de la paix – Département de l’appui aux missions, au Siège de l’ONU.
En coordination étroite avec les deux Missions ainsi que l’Unité de Conduite et Discipline et le Bureau de la Coordinatrice spéciale pour l’amélioration de la réponse de l’ONU à l’exploitation et aux abus sexuels, la chargée de projet a mis sur pied une série d’activités à destination des communautés et d’outils de communication afin de promouvoir la politique de “Tolérance Zéro” des Nations Unies, aider les communautés à comprendre et identifier ce qui constitue l’exploitation et les abus sexuels, à pouvoir signaler une allégation tout en obtenant les informations vitales sur l’assistance disponible et le suivi des cas.
En République démocratique du Congo, où le taux d’alphabétisation dans certaines régions est très bas, nous avons priorisé avec la Mission l’usage du théâtre et de la radio comme moyens d’information et de sensibilisation des communautés avoisinant les installations de la MONUSCO. Cependant, même si les immenses efforts consentis par la MONUSCO ont permis une réduction drastique des allégations rapportées cette année, le projet propose aussi de cibler les médias et des couches plus affluentes de la population à travers des activités de sensibilisation aux journalistes et une campagne sur les médias sociaux avec la production d’histoires, portraits et initiatives témoignant des avancées sur la question et des défis qu’il reste à relever.
Les communautés notamment à l’Est de la République démocratique du Congo sont déjà très mobilisées et travaillent déjà en étroite collaboration avec la MONUSCO pour faciliter le signalement des cas et l’assistance aux victimes. C’est en travaillant simultanément sur la prévention auprès des personnels et le renforcement de ces réseaux communautaires exceptionnels que l’on parviendra à lutter de manière durable contre le fléau de l’exploitation et des abus sexuels.