Le travail de formation sur les SEA: Un élément essentiel à la prévention

Le travail de formation sur les SEA: Un élément essentiel à la prévention

Séance de formation des formateurs de la Police MONUSCO à Goma. Credit Photo: MONUSCO

14 aoû 2017

Le travail de formation sur les SEA: Un élément essentiel à la prévention

Les séances de formation dispensées par l’Equipe de Conduite et Discipline (CDT) de la MONUSCO s’adressent à l’ensemble du personnel de la Mission (militaire, civil, policier) ainsi qu’aux communautés locales. Il s’agit de faire en sorte que tous les membres du personnel s’imprègnent des normes de conduite acceptables pour l’ONU, notamment en matière de SEA, et sachent à quoi ils s’exposent en cas de transgression des règles. Quant aux membres de la population locale, ils sont, en outre, informés des mécanismes en place pour le signalement à la CDT, de cas de SEA impliquant des membres de la Mission mais aussi des procédures de suivi et des suites données aux cas ainsi signalés. Le formateur Jean-Roger Kuate en dit un peu plus à Echos de la MONUSCO.

En quoi consiste votre travail ?
Jean Roger Kuate : En 2006, lorsque j’obtiens le poste de Formateur au sein de l’Equipe chargée de la Conduite et Discipline (CDT) à Kinshasa j’ai formé plus de 15 000 Casques bleus. En 2007, plus de 23 000 Casques bleus reçurent une formation sur la prévention des fautes y compris l’exploitation et les violences sexuelles. Affecté depuis 2014 au bureau Nord Kivu, j’y veille non seulement sur les aspects d’assurance qualité de la formation dans le domaine de la conduite et discipline au sein de la Mission, mais aussi sur la sensibilisation des communautés. 

Vous ne faites pas que de la sensibilisation, concrètement que faites-vous en cas d’allégations de mauvaise conduite de la part d’un ou de plusieurs personnels ?
Concrètement, lorsque l’équipe reçoit une allégation de faute professionnelle, je l’étudie et décide de sa recevabilité avant de la faire transmettre à l’unité centrale pour évaluation. Selon le cas, Il y a ouverture d’une enquête et les éléments  y afférents sont enregistrés dans la base de données. S’il s’agit d’un cas d’abus sexuel ou d’exploitation sexuelle, j’envoie une alerte immédiate à la section centrale pour une activation de l’Equipe de Réponse Immédiate (IRT) qui est un  mécanisme de réaction  immédiate pour la prise en charge de la victime et de collecte d’informations si nécessaire. Il peut s’agir de viol, de rapport sexuel avec des enfants (personnes de moins de 18 ans), de rapports sexuels tarifés ou en échange de quelque chose, de rapports sexuels avec des prostituées, de vols, de cas de corruption pour le recrutement, de faux diplômes et autres faux documents pour bénéficier d’avantages, de falsification de documents pour obtenir une faveur ou un droit de l’Organisation, d’utilisation abusive des outils de l’Organisation, de mauvaise utilisation de l’espace de travail, de discrimination, d’abus de pouvoir, de harcèlement sexuel, de refus de s’occuper de ses enfants, de refus de s’acquitter de son loyer ou des dettes contractées, de manque d’intégrité dans son travail et dans sa vie, de violation de la confidentialité, du trafic d’informations appartenant aux Nations Unies, d’accidents de voiture et de différentes violations du code de conduite auto, de vente de la ration militaire de combat, de violation des règles sur le couvre-feu, de fréquentation d’endroits interdits au personnel etc… 

Vous arrive-t-il d’essuyer le courroux d’un personnel qui, peut-être, pense que vous êtes allé trop loin dans sa vie privée ?

Il nous est arrivé de recevoir les foudres de certains de nos collègues qui estiment que nous nous immisçons dans leur vie privée quand, par exemple, un de leurs collègues vient se plaindre de leur comportement et veut que nous intervenions afin qu’ils changent car ils risquent d’en arriver à commettre des fautes. Nous sommes obligés souvent de jouer la médiation,  tout en leur rappelant la nécessité du respect des règles des Nations Unies. Cependant, en ce qui concerne l’exploitation et les violences sexuelles qui peuvent être commises par le personnel de la MONUSCO, nous n’hésitons pas à rappeler au personnel à tout moment qu’en Mission, on n’a plus de vie privée. On est en service 24/24, 7/7 et que vie privée et vie professionnelle sont entremêlées. Nos règles régissent la vie sur le lieu du travail et en dehors.