Augustin Kapupa : « Les communautés de Beni doivent résoudre leurs conflits sans recourir à la violence »

Grâce à la formation suivie en septembre 2021, Augustin Kapupa a appris à mieux comprendre les ressorts profonds des conflits coutumiers. Photo MONUSCO / Joel Bofengo

28 mai 2022

Augustin Kapupa : « Les communautés de Beni doivent résoudre leurs conflits sans recourir à la violence »

Joel Bofengo

Augustin Kapupa est le président de la commission consultative de résolution des conflits coutumiers dans le secteur de Beni-Mbau au Nord-Kivu. Dans cette région où ce type de différends peuvent dégénérer en conflit armé, la section des Affaires civiles de la MONUSCO a décidé de former des acteurs locaux au règlement pacifique des problèmes coutumiers.

C’est ainsi qu’en septembre 2021 Augustin Kapupa et les cinq membres de sa commission ont été formés. « On a participé à une formation de renforcement des capacités qui a été facilitée par la MONUSCO. C’était vraiment idéal. De nombreux experts étaient présents. Il y avait le chef de division chargé des affaires coutumières. Il y avait également un avocat qui nous a parlé des questions juridiques », se souvient le quadragénaire.

Après la formation, Augustin Kapupa et sa commission ont été saisis d’un premier dossier. Il s’agit de deux familles qui revendiquent chacune être la famille régnante dans le village Mambabwanga, à 25 km de la ville de Beni. De sa formation, M. Kapupa retient surtout les nouvelles techniques de résolution des conflits coutumiers. Car, en tant que chef coutumier, résoudre des conflits fait partie de son quotidien.

Grâce à la formation suivie en septembre dernier, il a appris à mieux comprendre les ressorts profonds des conflits coutumiers. Et à utiliser des textes juridiques pour amener les protagonistes à mieux saisir les enjeux. Cependant, comme il s’agit de conflits coutumiers, la coutume n’est jamais loin. « Il y a de nombreuses manières de résoudre un conflit. Il y a l’arbitrage, la conciliation. Il y a aussi la conciliation. On peut également organiser des jeux d’ensemble. On peut aussi résoudre le conflit coutumièrement par des rites », note Augustin Kapupa.

Pour bien comprendre le conflit et pour se conformer à la législation, M. Kapupa et son équipe se sont rendus au village Mambabwanga. De retour à Beni, grâce à la MONUSCO, ils ont fait venir des témoins : « Nous les avons écoutés. Nous avons mené des enquêtes pour savoir s’il s’agit bien des mêmes familles et, au-delà, découvrir les intérêts qui les unissent ou qui les opposent ». Convaincue d’avoir rassemblé suffisamment d’éléments, la commission rend finalement son arrêt.

Pour autant, Augustin Kapupa tient à insister que lui et son équipe ne sont pas des juges. Pour lui, il ne s’agit pas seulement de rendre un verdict. Il faut surtout réconcilier pour que le conflit ne ressurgisse pas quelque temps plus tard. «Nous ne sommes pas là comme des juges. Nous sommes là pour réunir les gens afin qu’ils s’entendent. Lorsque vous faites une réconciliation, il y a toujours des réticences pour les uns ou autres. Cependant, à notre niveau, on a compris que c’était bon parce que les gens se sont réconciliés et se sont serrés la main », argumente le président de la commission consultative de résolution des conflits coutumiers dans le secteur de Beni-Mbau.

Depuis la résolution de ce premier conflit, la commission croule sous les demandes de conciliation. « On a d’ailleurs enregistré pas mal de conflits. La MONUSCO nous a demandé de lui indiquer tous ces conflits pour qu’elle nous accompagne afin que nous parvenions à résoudre ces conflits pacifiquement pour éviter à ce qu’on ait des tiraillements parce que c’est aussi la base de certains conflits armés », note Augustin Kapupa.

Le chef coutumier dit avoir beaucoup appris de cette expérience. Il estime d’ailleurs qu’avec le temps il sera suffisamment outillé pour pouvoir résoudre des conflits coutumiers en dehors de la région de Beni.