CONFERENCE DE PRESSE MONUSCO MERCREDI 18 AOUT 2010

20 aoû 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUSCO MERCREDI 18 AOUT 2010

Madnodje Mounoubai, porte-parole : Bonjour, mesdames. Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos fidèles auditeurs de la Radio Okapi qui nous suivent en direct. Bienvenus à notre rendez-vous hebdomadaire de tous les mercredis. Aujourd'hui, nous avons avec nous un invité spécial en la personne de M. Roger Meece, le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et chef de la MONUSCO, qui vient pour vous rencontrer. Ce sera la première rencontre de M. Meece avec vous et avec nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent chaque semaine en direct.

Beaucoup d'entre vous peut-être le savent déjà. Ce matin, nous avons perdu des collègues militaires au Nord-Kivu à Kirumba. Avant de passer la parole à M. Roger Meece pour s'adresser à vous, je m'en vais laisser la parole au Général Beny, qui va vous faire l'économie de cette situation.

Gén. Philippe Beny (Chef d'Etat-Major de la Force/MONUSCO) : Bonjour et bonjour aux auditeurs. Je vais dire tout d'abord que c'est une très triste journée pour la Force et, au-delà, pour le Congo, je pense. Trois soldats de la paix sont morts. Et je vais naturellement en premier lieu saluer leur mémoire et rappeler le sens de leur sacrifice au service de la stabilisation de ce pays et, naturellement, de la sécurité de tous ses habitants.

Je m'inclinerais donc devant la mémoire des trois soldats indiens du bataillon indien n°4 qui sont décédés cette nuit. J'adresse aussi tous mes vœux de survie et de prompt rétablissement aux sept blessés, dont cinq blessés sont gravement blessés, et qui sont actuellement en cours de traitement entre Rwindi et Goma.

Ce sont les derniers morts depuis le 23 mai dernier, où c'était à nouveau un soldat indien qui était tombé au service de la paix. Ca porte tout de même — il faut le retenir — à trente-quatre le nombre des tués en opération depuis le début de la Force voici une dizaine d'années.

Maintenant, je vais aborder les faits. Je voudrais d'abord dire que cet incident est récent — ça s'est produit cette nuit — et qu'il est extrêmement important d'éviter toute précipitation aussi bien dans l'examen des faits que dans l'interprétation qui pourrait en être faite. Donc, je vais me cantonner à ce que nous savons, ce que nous avons pu observer, en évitant toute dissertation inutile sur ces faits.

Cette nuit — la nuit dernière donc—, vers 2 heures du matin, un premier groupe de cinq à six personnes au comportement extrêmement pacifique s'est approché de la base MONUSCO de Kirumba. Comme il est d'usage, devant quelque chose qui semblait normal, les gens souhaitant être reçus ou avoir accès à la base, les sentinelles ont appelé un interprète et se sont portés devant ces visiteurs pour savoir ce qu'ils souhaitaient. Et à ce moment-là, sans aucune préparation, par surprise, ils ont été violemment agressés par ce premier groupe. Immédiatement, la réaction rapide s'est organisée. Les gens ont extrêmement bien réagi au niveau de la COB dans la réaction immédiate, et le premier renfort — la Quick Reaction Team — s'est porté au niveau de ce premier incident au moment même où, on estime, une cinquantaine d'agresseurs sont sortis de la végétation — ils s'étaient approchés discrètement ; on est la nuit — et un combat s'est engagé au corps-à-corps entre une dizaine, une douzaine de nos soldats et cette partie attaquante de l'ordre de cinquantaine de combattants, qui étaient équipés, nous dirons, de machettes, de lances, de couteaux... d'armes traditionnelles. Les combats au corps-à-corps ont duré très peu de temps — cinq à six minutes. Et devant la réaction et l'arrivée de nouveaux soldats qui étaient réveillés, qui sortaient de leurs tentes, les gens se sont enfuis immédiatement. C'est tout ce qui s'est passé au niveau de la COB. Et pendant ce combat de quelques minutes, nous avons eu trois morts et six à sept blessés. Voilà tout ce que je peux vous dire en l'état.

Naturellement, les mesures d'alerte et de renforcement ont été prises : des équipes sont venues de Kanyabayonga, une section d'alerte. Un groupe destiné à l'évacuation médicale de nos personnels et de tous blessés qui auraient été trouvés là a également été engagé sur la zone. Ceci dans l'heure qui a suivi l'incident.

Donc, à l'heure actuelle, comme je vous le disais en introduction, nous déplorons trois morts ; nous avons sept blessés, dont cinq graves.

Je pense que, en ce qui concerne les faits, c'est absolument tout ce tout qui est (...) avéré à l'heure où nous parlons. En ce qui concerne les suites à donner à cet incident, le Force Commander, le général Prakash, est sur place. [Se tournant vers M. Roger Meece] je pense, Excellence, que vous l'avez eu au téléphone tout récemment. Il est donc naturellement, avec le Head of Office et le commandant de la Brigade Nord-Kivu, en train d'évaluer la situation in situ. Donc, je me garderais bien d'aller plus avant dans les interprétations. Naturellement, les autres brigades et tous les détachements de la MONUSCO ont été informés et prennent les mesures de sécurité, de vigilance appropriées ainsi que des mesures de coordination avec tout le personnel civil des agences internationales et de l'ONU en particulier qui peuvent être intéressées par l'évolution de la situation.

Voilà. C'est tout ce que j'ai l'intention de dire, en m'en tenant strictement aux faits. Et encore une fois, en saluant la mémoire des trois soldats qui sont tombés au service de la paix dans ce pays.

Le porte-parole : Merci, mon général. Comme vient de le dire le général, ce sont les premières informations que nous avons. Nous comptons sortir une note d'information dans la journée. Dès que nous aurons plus de détails, nous allons les passer et vous serez informés.

Comme je l'ai annoncé au début, nous avons le plaisir d'avoir avec nous M. Roger Meece, le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC et Chef de la MONUSCO. Pour beaucoup d'entre vous, je n'ai pas à vous le présenter. Vous le connaissez. Il a été deux fois diplomate américain ici. Il a servi au sein du CIAT pendant la transition. Donc, c'est un visage qui est familier pour les médias congolais. Sans plus tarder, je m'en vais lui accorder la parole.

Le Représentant Spécial : Merci beaucoup. Bonjour à vous tous et bonjour aussi à nos auditeurs. D'abord, je voudrais ajouter aussi mes condoléances personnelles aux familles des victimes, nos soldats qui ont perdu la vie en travaillant pour l'établissement de la paix et la stabilité de ce pays et de la région. Je peux ajouter que je [présente] mes condoléances à toutes les victimes qui continuent à souffrir aux mains de ces groupes armés qui menacent la stabilité et la paix dans la région, surtout à l'est du pays.

Je viens d'arriver il y a plus ou moins trois semaines pour prendre mes fonctions comme représentant personnel du Secrétaire Général. Je voudrais dire que c'est un grand privilège de me retrouver encore ici au Congo et surtout avec les Nations Unies. Et c'est un plaisir réel aussi d'avoir l'occasion d'être parmi vous ici au Congo encore.

J'ai commencé à faire des visites initiales avec les autorités congolaises, avec des ambassadeurs et des diplomates. Mais j'ai pris aussi une semaine, la semaine dernière, en visite à l'est du pays, qui a duré toute la semaine en visitant des régions de Dungu, Bunia, Goma et Bukavu, pour mieux comprendre la situation, avoir l'occasion de voir personnellement la situation qui existe à l'est du pays. Et je voudrais continuer à visiter l'intérieur le plus souvent, mais je continue aussi mes visites de présentation et d'installation ici à Kinshasa.

Je voudrais vous dire en bref que, c'est évident pour moi d'avoir l'occasion de revenir au Congo quand on a déjà [accompli] des progrès importants, mais il est aussi évident qu'il reste encore beaucoup de choses à faire. Et je suis convaincu que nous pouvons continuer toujours à faire le progrès, construire sur la fondation déjà établie par beaucoup de monde, à travailler en partenariat avec le gouvernement, les autorités congolaises ainsi que les autres partenaires, pour assurer le futur, la paix, la réussite du pays que le peuple congolais mérite bien.

Alors, je suis venu pour contribuer à cet effort. Je reste toujours optimiste pour le futur, malgré les défis malgré, les difficultés. Et je me considère très privilégié d'avoir une équipe que je trouve ici à la MONUSCO et les agences des Nations Unies avec qui je peux travailler.

Avec ces mots de présentation, je suis ouvert à vos questions.

(...)

Question 1
Eyenga Nsana / LE POTENTIEL
: M. le Représentant Spécial, nous sommes très intéressés par votre tournée, que vous venez d'effectuer à l'est. (...) Vous avez été à Dungu, à Bunia, comme vous l'avez dit, à Goma et à Bukavu. Voulez-vous nous faire un peu l'état des lieux de votre tournée. Ca va ? Ca ne va pas ? Quels sont les problèmes ? Parce que vous avez évoqué, au cours de votre tournée, la présence des groupes résiduels. Quelles sont les dispositions que vous avez prises pour stabiliser ? Ca, c'est la première préoccupation.

Il y a aussi l'aspect électoral. Vous avez eu des entretiens ici avec les autorités pour appuyer et accompagner le processus électoral, d'autant plus qu'il y avait une mission des Nations Unies qui était ici. Qu'en est-il exactement ?

Question 2
Nkiere Mayi / AGENCE CONGOLAISE DE PRESSE
: M. le Représentant Spécial, vous avez été en tournée en Ituri, à Goma également. D'après vous, qu'est-ce qui peut être à l'origine d'une telle attaque de la part des agresseurs contre les casques bleus ? Parce que, vous venez de rentrer de là, et apparemment tout était calme. Nous sommes quand même surpris que des agresseurs viennent attaquer les casques bleus dans leur camp !

Question 3
Flaviens MUSANS / 2ASTV
: M. le Représentant Spécial, [dans] votre rencontre avec les différentes autorités de Kinshasa, vous avez retracé vos priorités, entre autres l'appui aux élections et la formation de différentes unités de la Police Nationale Congolaise. Mais sur le plan sécurité, vous n'avez rien dit. Qu'est-ce que vous pensez par rapport à cela ?

Le Représentant Spécial : Merci pour les questions. D'abord, concernant la visite à l'est même, comme [je l'ai fait] remarquer pendant la visite aux membres de la presse ainsi qu'à d'autres, d'abord c'est un voyage bien sûr de connaissance pour moi, pour commencer à refaire la connaissance des régions que j'ai visitées dans le passé, mais en particulier pour mieux comprendre les conditions actuelles qui existent : les problèmes, les défis ainsi que ce qu'on a déjà [accompli].

J'ai déjà dit au début que j'ai remarqué qu'on a déjà fait un progrès important dans plusieurs sens, et j'ai pris note de cela aussi durant la visite ; mais, bien sûr, il reste encore des choses à faire. MONUC est devenue MONUSCO, et on a ajouté le [mot] « stabilisation » dans notre nom. Il me semble très juste, et en particulier à l'est du pays, peut-être parce que nous avons des tâches à faire dans plusieurs sens. On part toujours de la sécurité, et c'est juste. C'est important. Il faut commencer avec des conditions de sécurité adéquates pour nous permettre de progresser dans plusieurs autres domaines. Mais en même temps, pour la stabilisation, commencer avec la sécurité bien sûr, mais il y a plusieurs autres secteurs. Par exemple, nous avons des programmes que nous faisons dans le secteur de la justice civile ainsi que militaire. Ca, c'est important. C'est une partie de la sécurité, mais c'est aussi une partie importante de l'augmentation de la capacité des institutions de l'Etat, donc clef pour la stabilisation, la réussite à long terme du pays. On a évoqué aussi la question de la formation de la police. Je crois que c'est aussi un autre aspect clef pour le futur du pays parce que, bien sûr, il faut avoir une PNC avec la capacité d'assurer la sécurité à travers toutes les régions, tous les districts du pays qui sont en place, avec la capacité de remplir leur devoir. Donc, ça c'est aussi un aspect important du point de vue de la stabilisation mais lié aussi aux conditions de sécurité.

Il y a le travail qui est en train d'être fait. Par exemple, j'ai visité au Sud-Kivu des projets impressionnants avec l'implication de nos unités de la MONUSCO de génie, coordonnés par l'Office International de Migration, pour la construction des routes. Très important pour la normalisation du commerce pour permettre la circulation libre des personnes et des biens. Ca aussi, c'est un aspect important pour la sécurité — assurer la sécurité à long terme. Il y a aussi des projets pour la construction des casernes pour les FARDC. Ça aussi, ce sont des projets coordonnés par l'Office International de Migration. Ça aussi, je le considère très important. Et je suis très content de voir cette coordination entre la MONUSCO, l'OIM et les autres partenaires pour la réalisation de ces projets.

Donc, en bref, ça veut dire qu'il y a des liens entre la question de la sécurité, qui a tellement d'importance, ainsi que la stabilisation et donc la réussite à long terme du pays. Ce sont les choses que j'ai commencé à voir pendant cette visite. Bien sûr, je continue à approfondir ma connaissance de tous les aspects, des précisions de différents dossiers, (...) aussi dans nos échanges, notre partenariat avec le gouvernement, les autorités comment nous pouvons mieux faire, comment nous pouvons continuer à améliorer les conditions et faire achever nos objectifs communs de façon le plus efficace possible.

Pour les élections, bien sûr, j'ai déjà dit plusieurs fois que, dans les différentes réunions, c'est une priorité bien précisée par le gouvernement ; c'est une priorité pour nous de jouer notre rôle à soutenir ces élections pour assurer la tenue des élections libres et transparentes comme on a fait en 2006. Vous avez évoqué la mission d'évaluation des besoins qui a été ici. Ils ont travaillé pendant deux semaines. Plus de deux semaines. Et, à mon avis, ils ont fait un très bon travail en coordination avec la Commission Electorale Indépendante ainsi qu'avec les autorités du gouvernement pour commencer à concrétiser la planification des ressources dont on a besoin pour assurer le soutien logistique, par exemple de notre part, et pour bien commencer, en forme très concrète, la mise en [œuvre] de différents aspects. Bien sûr, l'enregistrement des électeurs a déjà commencé ; il reste beaucoup de choses à faire. Je suis très confiant, très optimiste pour cet exercice. Bien sûr, j'ai assisté ici à la tenue des élections en 2006. J'étais très impressionné par le travail qui a été fait à cette époque par la Commission Electorale Indépendante avec l'implication de la MONUC et des autres partenaires. Et il me semble que nous sommes à un bon début pour assurer aussi une réussite de ce cycle selon le calendrier annoncé par la Commission Electorale Indépendante récemment il y a, je crois, une ou deux semaines.

Concernant la question de l'attaque contre nos personnels ce matin, comme le général l'a dit, nous sommes en train de faire l'enquête. Je préfère ne pas faire de la spéculation à ce point de qui et de quoi exactement. Bien entendu, c'est une grande préoccupation. Nous allons continuer à obtenir tous les faits, et on va vous communiquer l'information dès qu'elle sera disponible. Mais il ne semble pas très utile de faire de la spéculation à ce point.

Finalement, on a évoqué le projet pour la formation de la police. J'ai déjà parlé de l'importance que j'accorde à ce secteur. Nous faisons déjà beaucoup d'activités dans ce domaine. Mais il y a une requête déposée chez nous par le gouvernement pour une nouvelle initiative très importante aussi pour augmenter les efforts, et nous sommes en train d'étudier comment nous pouvons mettre en [œuvre] ce projet. C'est quelque chose d'important. Nous essayons de tout faire pour continuer et même élargir nos efforts dans ce domaine.

Question 4
Venant Vudisa / RTNC
: M. le Représentant Spécial, vous avez dit que vous ne voulez pas spéculer autour de cette attaque, mais permettez quand même qu'on y revienne. Quelle lecture faites-vous de ce regain de tension quelques semaines après votre prise de fonctions ? Un mauvais départ pour vous ? C'est une question.

De deux, outre le volet sécuritaire, M. Alan Doss, votre prédécesseur, a consenti beaucoup d'efforts pour que les institutions de Bretton Woods viennent à la rescousse de la RDC pour son développement et sa reconstruction. M. Roger Meece va-t-il s'impliquer dans cette dynamique pour que ces institutions financières viennent en aide à la RDC ou se contentera-t-il de dire « autre mandat, autre mission » ?

Question 5
Roger Marley / CMC TV
: M. Roger Meece, les forces négatives qui envahissent la République Démocratique du Congo sont généralement à la recherche de ce qu'on appelle le « Lebensraum. » Si vous étiez allemand, vous auriez compris la force explicative de ce mot, mais je traduis quand même : c'est l'espace vital. Alors, au Rwanda, il existe une initiative très intéressante : c'est celle de la prévention des conflits par des projets de développement social. Puisqu'il s'avère que les forces négatives qui attaquent la République Démocratique du Congo ne veulent pas quitter notre territoire, est-ce qu'il existe au sein de la MONUSCO un programme ou une initiative qui viserait à transformer ces forces négatives en agents de développement social tel que ça se fait au Rwanda ?

Question 6 :
Dovin Ntelolo / L'OBSERVATEUR
: M. le Représentant Spécial, vous venez de prendre vos fonctions dans un contexte post-conflit. Cependant, il existe encore des groupes résiduels dans l'est du pays. Ainsi, quelle seront vos priorités ? Si vous voulez, qu'est-ce qui va caractériser votre mandat ?

Le Représentant Spécial : Merci pour ces questions. D'abord, je vois qu'il y a plusieurs questions concernant toujours les groupes armés et la situation sécuritaire surtout à l'est. Ce que je voudrais dire, d'abord c'est évident qu'il reste encore — et j'ai parlé de cela quand j'étais à l'est — des menaces à la population civile, des menaces à la stabilité de la région posées jusqu'à présent, malgré tous les efforts faits pendant ces années, par ces groupes armés. Bien sûr, il y a des groupes étrangers —il y a malheureusement des congolais aussi — qui menacent la stabilité, la paix de la population. Et c'est évident qu'il est important de tout faire pour minimiser et éventuellement éliminer cette menace des groupes armés, soit leur origine soit leur motif. Parce que pour [accomplir] la stabilité durable de la région, pour obtenir la réussite de la région dans tous les sens — économique, social, et autres — il faut avoir des conditions de sécurité.

Je voudrais dire, concernant la question de priorité, que la protection des civils reste toujours la première priorité bien précisée par le Conseil de Sécurité pour notre Mission, la MONUSCO. Donc, en ce sens, la préoccupation avec ces groupes, ou bien n'importe qui qui menace la sécurité des civils, reste toujours notre priorité, notre préoccupation. Et nous travaillons toujours avec les FARDC et toutes les personnes intéressées pour tout faire pour éliminer cette menace. Les opérations militaires constituent une partie de ce problème. Il y a aussi les autres, desquels j'ai parlé plus tôt, par exemple le développement du commerce, la normalisation, l'accès par route, qui donnent aussi le bénéfice à la sécurité d'augmenter la circulation et la vie normale de la région. Mais certainement, les groupes armés continuent à être un gros problème, une menace à la population. Nous continuons nos efforts à soutenir les FARDC et nos propres opérations pour s'adresser à ces problèmes. Pour les groupes étrangers, c'est important, il me semble, toujours de tout faire, le maximum possible, pour obtenir le rapatriement chez eux. Mais en tous cas, c'est la priorité : minimiser, éliminer la menace des groupes armés qui [pèse] toujours sur la stabilité de la région.

Pour l'autre question du long terme, c'est dans le domaine de la stabilisation, si vous voulez, dans notre mandat, j'ai dit que, il me semble, en général, on peut parler de la priorité sur notre mandat de faciliter l'établissement de l'autorité de l'Etat à travers tout le territoire congolais. Et donc, c'est nécessaire de tout faire pour augmenter, faciliter la capacité des institutions de l'Etat. J'ai cité plusieurs déjà : la police, le secteur de justice. Je peux [citer] d'autres aussi. Mais ça, c'est dans le domaine de ce que nous faisons et nous continuons à faire [de ce domaine] une priorité [en tant que] MONUSCO. Je voudrais aussi ajouter que ce n'est pas une question uniquement de la MONUSCO. Nous approchons ce problème, et certainement, c'est mon approche personnelle de voir toutes les agences des Nations Unies avec la MONUSCO comme une famille onusienne. Donc, en travaillant ensemble, en collaboration le plus proche possible. Et c'est aussi une priorité précisée par le Secrétaire Général d'avoir une « Nations Unies », et donc c'est une question de coordonner entre la MONUSCO et toutes les agences, [pour] maximiser l'impact de nos programmes, d'assurer la coordination de nos efforts, d'utiliser les ressources disponibles à chacun pour avoir un impact maximum, et donc d'encourager à faciliter le développement du pays. C'est ça qu'il faut faire ; c'est ça qui est important pour [accomplir] la réussite de la population, du pays, de la région, la stabilité ainsi que le développement économique que nous cherchons ensemble avec le gouvernement et d'autres partenaires.

Question 7
Steve Wembi / MIGRANT 2 MIGRANT
: M. Roger Meece, après votre entretien avec les autorités locales de la RD Congo, vous avez été dans trois provinces : le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et la Province Orientale. Maintenant, ma question est de savoir, quelle est selon vous la province la plus insécurisée ?

Deuxièmement, vous avez évoqué aussi la question des élections, la tenue des élections en 2011. Aujourd'hui en RDC, il y a un problème qui touche la publication du nouveau calendrier électoral. Comme la MONUSCO a un nouveau mandat, donc la stabilisation en RDC, les élections, c'est la politique. Il y a le politique, les politiciens maintenant qui revendiquent. Les autres rejettent ce calendrier électoral. Que pense la MONUSCO pour stabiliser ? Parce que si ça continue comme ça, je ne sais pas que sera l'apocalypse ?

Question 8
Philémon Longonya / RTG@:
Je reviens sur votre récente visite en Province Orientale, notamment à Bunia, où vous avez déploré le fait qu'il y avait toujours des forces résiduelles et vous avez promis le soutien de la MONUSCO aux FARDC pour éradiquer cette présence. Depuis cette déclaration jusqu'à ce jour, qu'est-ce que vous, disons la MONUSCO a fait concrètement en ce qui concerne l'appui aux FARDC pour éradiquer ces forces ?

Question 9
Maurice Liengo / 7SUR7.CD
: M. le Représentant Spécial, je voudrais que vous éclairiez un peu ma lanterne, parce que quand je vous ai suivi tout à l'heure, vous avez déjà effectué des visites dans quelques provinces, mais je ne vous ai pas entendu parler de la province de l'Equateur. Devrons-nous penser que la situation humanitaire qui est fort préoccupante là-bas ne semble pas émouvoir la MONUSCO ?

Le Représentant Spécial : Merci beaucoup. D'abord, concernant les élections, on a évoqué qu'il y a l'activité politique liée aux élections. Bien sûr, c'est le caractère des élections dans tous les pays. Mais pour nous, en ce qui nous concerne, c'est de travailler, de faire d'abord le soutien logistique pour permettre à la Commission Electorale Indépendante, et éventuellement la CENI récemment adoptée par l'Assemblée nationale et le Sénat, d'assurer les conditions qui vont permettre l'exercice démocratique, transparent et juste. Dire qu'il existe des problèmes qui risquent de perturber les élections, mais bien sûr, ça c'est le cas. Mais c'était le cas aussi, je voudrais vous le rappeler, en 2006. Et finalement on est arrivé, je crois, à [réunir] des conditions qui ont permis un exercice réussi des élections. Il me semble qu'on est déjà sur le bon chemin vers la tenue des élections l'année prochaine au niveau national, aussi — que j'espère bien (...) —dans des circonstances justes, transparentes, démocratiques. Nous faisons de notre mieux pour assurer le soutien logistique et autre pour permettre la tenue des élections comme telles. La politique, la campagne interne des politiques, c'est quelque chose [au] peuple du Congo de décider. Nous sommes concernés par les conditions qui vont permettre au peuple congolais d'exercer leur droit de choisir leurs représentants, leur chef de l'Etat dans des circonstances de transparence des élections démocratiques. C'était fait en 2006 ; je suis confiant qu'on puisse le faire encore l'année prochaine.

Pour les groupes armés, cette question... Je voudrais vous rappeler que j'ai fait la tournée à l'est la semaine dernière. Donc, en parlant des actions concrètes depuis quelques jours, c'est peut-être un peu prématuré de parler de cela, mais je voudrais vous assurer, comme j'ai essayé de dire aussi à l'est, que ça reste encore une priorité. Bien sûr, en parlant de la stabilisation, comme je l'ai dit plus tôt, il faut commencer avec des conditions de sécurité pour la population, pour la région. Donc, notre priorité, en travaillant en partenariat avec les FARDC, est toujours d'assurer ces conditions. Je voudrais vous assurer que nous faisons de notre mieux toujours dans ce sens pour continuer à réduire la capacité de ces groupes armés et éventuellement éliminer la menace à la population et à la stabilité posée par ces groupes-là.

En parlant de l'Equateur, je voudrais dire simplement, si je ne l'ai pas dit plus tôt, je voudrais souligner ici que la visite que j'ai faite la semaine dernière, ce n'est qu'une visite initiale. J'ai bien dit, même au président Kabila, que je voulais commencer à voyager à l'intérieur le plus tôt possible. C'est par ces visites que je peux mieux comprendre la situation sur le terrain. J'ai commencé avec ce voyage ; ce n'est pas du tout mon dernier à l'intérieur du pays. Je compte visiter toutes les provinces, tous nos bureaux. C'est important d'assurer et de faire quelque chose à tout niveau à travers le territoire congolais, selon nos ressources, selon nos moyens, pour améliorer la condition, les problèmes en face du peuple congolais, soit en Equateur, soit dans les autres provinces. Donc, ce n'est qu'une visite initiale la semaine dernière. Il ne faut pas penser que c'est une préoccupation unique à l'est. Bien sûr, il y a un certain aspect de l'est [qui est] par