Goma : la MONUSCO prône la prévention des conflits en période post-électorale

Les jeunes participants à ce café politique animé par la MONUSCO ont été unanimes pour reconnaître que la période électorale passée a été marquée par un climat de division. / Photos Janvier Mushengezi

18 jan 2024

Goma : la MONUSCO prône la prévention des conflits en période post-électorale

Alain Wandimoyi

La République démocratique du Congo (RDC) traverse une situation sécuritaire complexe en raison de deux facteurs majeurs. D'une part, une contestation de la légitimité des institutions par une partie de la population, et d'autre part, l'activité des groupes armés qui se réfugient souvent derrière cette première contestation. Cette situation est d'autant plus complexe du fait que de nombreuses contestations ont émergé en raison d'irrégularités constatées lors des élections du 20 décembre 2023.

Des menaces verbales et la manipulation de la jeunesse via les réseaux sociaux ont engendré un climat de tension entre les partisans de la majorité d'une part et les membres des partis de l'opposition, d’autre part. Ces-derniers ont appelé à manifester pour contester les résultats.

C'est dans ce contexte que la Dynamique des Jeunes pour la Promotion de la Citoyenneté (DJPC), en collaboration avec la MONUSCO à travers sa section des Affaires politiques, a récemment réuni vingt jeunes issus de diverses organisations citoyennes et partis politiques, tant de l'opposition que de la majorité. Ils ont échangé sur les mécanismes de prévention et de réduction de la violence post-électorale.

Prévenir les risques

Après un échange houleux entre les différentes tendances des participants, tous ont été unanimes pour reconnaître que la période électorale passée fut marquée par un climat de division : « Il est temps de se mettre au travail et de comprendre que les élections n'étaient qu'une compétition. Il est opportun tant pour le vainqueur, que pour les vaincus de s'abstenir de tout acte de violence et de discours triomphaliste dans l'intérêt général de la nation congolaise », a déclaré Yvonne Kapinga, directrice de radio à Goma.

Face au contexte volatile du Nord-Kivu en général et de la ville de Goma en particulier, l'un des jeunes, Johnson Ishara, cadre de la LGD de Matata Ponyo, parti d'opposition, explique : « En tant qu'opposant et militant, nous avons décidé de rester non violents, car la ville est en proie à une tension palpable ingérable », a-t-il déclaré.

La plus-value de cet échange, malgré la divergence des points de vue, a été de permettre à chaque partie prenante de défendre son camp : « En dépit de nos divergences, ce qui compte, c'est la patrie. Une élection est une étape démocratique ; ce que nous devons éviter, c'est, 60 ans après l'indépendance, de mettre le pays sous le feu à tout moment lorsqu'il y a une élection » a poursuivi Johnson Ishara.

Un engagement complet et sans faille

Face au risque de manipulation qui avait caractérisé la campagne électorale, les vingt jeunes se sont focalisés sur les risques de manipulation politicienne de la jeunesse de la ville de Goma afin de les réduire de manière significative à travers la mise en place d’une plateforme de partage d’information et de lutte contre la désinformation.

Les participants au café politique, comprenant les jeunes des mouvements citoyens, des partis politiques ainsi que de divers groupes de pression, conscients de leurs rôles, ont résolu de privilégier le dialogue afin de prévenir la violence post-électorale. « En réalité, c’est nous qui détenons la clé de l’apaisement du pays en même temps nous détenons la clé de la destruction du pays. Il nous appartient alors de faire un choix. Personnellement pour protéger le pays, nous devons demander à ceux qui nous gouvernent d’être un peu flexibles et de considérer que nous sommes tous des Congolais. On ne peut jamais faire avancer le navire seul », a indiqué un autre jeune.

Pendant ce temps, Julius Fondong, responsable de la section des Affaires politiques de la MONUSCO au Nord-Kivu, a encouragé les jeunes des mouvements citoyens et des partis politiques à puiser dans l’histoire récente de la RDC, afin de renforcer leur unité et ainsi éviter d’être à la fois des « cobayes » et des « victimes » mais plutôt devenir des « détenteurs de pouvoir ».

Suite aux échanges, les jeunes participants ont décidé de mettre de côté leurs divergences et de s’unir afin de prévenir les violences post-électorales quelle que soit leur origine. Il est à noter que d’autres rencontres similaires sont prévues dans un futur proche en faveur d’autres jeunes.