La Journée internationale des droits de la femme célébrée dans le deuil en Ituri

Participantes à la célébration de la Journée internationale des droits de la femme à Bunia, en Ituri. Photo MONUSCO/Guy Karema

12 mar 2018

La Journée internationale des droits de la femme célébrée dans le deuil en Ituri

Guy Karema

Bunia, le 8 mars 2018 – Le ministère provincial du Genre, Famille et Enfants, en collaboration avec le bureau MONUSCO-Bunia et les organisations féminines de la province de l’Ituri, a célébré la Journée internationale des droits de la femme sous le thème local : «La solidarité de la femme Iturienne avec les victimes des violences meurtrières dans le Territoire de Djugu», situé à environ 72 km au nord de Bunia.

En substance, la célébration de cette Journée, qui a connu une forte participation des femmes, a été marquée par un culte d’action de grâce et une conférence-débat autour de trois thématiques en rapport avec les conditions de vie de la Femme Iturienne :

  • Investir dans la force productrice de la femme rurale, priorité de la RDC ;

  • La situation de la Femme de l’Ituri face aux conflits actuels ; et

  • Rôles et solidarités des Femmes Ituriennes dans le processus de transformation des crises

Dans l’ensemble, le constat a été amer et triste. Les femmes rurales déplacées de Djugu qui vivent à Bunia et ailleurs, dans les différents sites d’accueil, sont dans une situation exécrable. Elles vivent dans la promiscuité, dépourvues de tout et très loin de leurs champs.

Par conséquent, elles ne se sentent pas concernées par le thème national de la célébration de cette Journée, édition 2018, qui met l’accent sur les activités en milieu rural et urbain qui transforment la vie des femmes et leur force productrice.

La représentante des femmes de l’Ituri, Madame Jeanne Alasha, a dressé un tableau sombre de la situation des femmes déplacées de Djugu.

Selon elle, sur le plan sécuritaire et humanitaire, le quotidien de ces femmes est marqué, aujourd’hui, par des tueries, des incendies des maisons et des structures scolaires et sanitaires, des viols des femmes, des vols, des pillages des biens et des bêtes, des destructions des champs et autres.

«Sur le site des déplacés à l’Hôpital Général de Bunia, des cas de décès ont été enregistrés dont 4 enfants et 5 adultes (3 femmes et 2 hommes). Une de ces femmes était enceinte et a été piétinée lors de la bousculade de distribution des vivres et a succombé sur le champ», a précisé Madame Alasha.

Sur le plan économique, elle a expliqué que les champs ont été brûlés, des récoltes pillées et volées.

«Les champs sont abandonnés juste pendant la période de récolte et de semence. Les femmes rurales du territoire de Djugu, qui alimentent normalement avec leurs produits les marchés de Bunia, sont toutes en déplacement avec comme conséquence l’insécurité alimentaire qui pointe à l’horizon», dit-elle avec tristesse.

Au point de vue sanitaire, cette représentante des femmes de l’Ituri affirme, sans ambages, qu’elle a observé, dans les sites des déplacés, des fausses couches, des femmes abandonnées sur les tables d’accouchement et d’autres qui accouchent au bord de la route sans assistance, des naissances prématurées, des femmes qui abandonnent des nouveau-nés, la malnutrition qui s’installe chez les enfants et les femmes enceintes et le manque des produits pharmaceutiques.

En définitive, les femmes de la province de l’Ituri demandent aux autorités nationales et locales de mettre fin le plus rapidement possible aux exactions qui sont en train de se commettre pour que les populations retournent dans leurs villages ; de mettre à disposition les moyens conséquents pour que l’armée et la police fassent leur travail dans de bonnes conditions et, surtout, de diligenter des enquêtes pour comprendre le phénomène qui endeuille la population Iturienne afin de traduire en justice les responsables.