Gbadolite, 17 juillet 2012- En Province de l'Equateur et dans plusieurs autres parties de la République Démocratique du Congo, il est fréquent que des cas de violences sexuelles se soldent par un arrangement à l'amiable entre la victime et le bourreau, assurant ainsi une totale impunité à l'auteur du crime.

Afin de contribuer à diminuer sensiblement le nombre de cas d'arrangements à l'amiable, la Mission de l'Organisations des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO) a appuyé, du 13 au 15 Juillet 2012 à Gbadolite, District du Nord-Ubangui, dans la Province de l'Equateur, la formation des Officiers et Inspecteurs de Police Judiciaire. Pendant trois jours, les participantsse sont familiarisés aux techniques d'enquêtes en matière de violences sexuelles.

L'objectif, pour la MONUSCO, est de renforcer les capacités des enquêteurs en matière de poursuites judiciaires afin de lutter contre l'impunité des violences sexuelles et promouvoir le respect des droits de l'homme. La Mission est engagée, avec le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'Homme (BCNUDH) dans un programme de lutte contre l'impunité, en facilitant l'accès des victimes de violences sexuelles à la Justice et en renforçant les capacités des acteurs du système judiciaire et de la société civile.

Selon les participants au séminaire de formation de Gbadolite, des progrès indéniables ont été obtenus dans la lutte contre l'impunité des violences sexuelles dans ce district. Par exemple, entre les mois de janvier et d'octobre 2010, le BCNUDH a apporté son soutien aux autorités judiciaires congolaises en les aidant à enquêter sur plus de 100 cas de viols. Alors que pour la seule période allant de janvier à juin 2012, ce sont 71 jugements qui ont déjà été rendus par le Tribunal de Grande Instance de Gbadolite, dont 69 en faveur des victimes.Mais pour autant, ont-ils conclu, les violences sexuelles ne reculent pas au Nord-Ubangui où elles seraient même en train de se banaliser.

Prenant la parole lors de la cérémonie de clôture du séminaire, le Maire de la Ville de Gbadolite, Egide Nyikingbo, a remercié la MONUSCO pour cette initiative. Il a émis le vœu de voir les Officiers de police judiciaire améliorer leur rendement pour réellement s'attaquer au fléau des violences sexuelles. Pour lui, '' la Justice ne résout pas la question des violences sexuelles, ce qui pousse la population à recourir souvent aux arrangements coutumiers ».

Plusieurs recommandations ont sanctionné ce séminaire. Les participants ont notamment préconisé l'adoption par l'Assemblée nationale d'une loi prévoyant des sanctions à l'endroit de ceux qui privilégient ou facilitent les arrangements à l'amiable, en cas de violence sexuelle.

Jean-Tobie Okala