Le Commandant de la Brigade du Nord Kivu fait ses adieux à la RDC

11 oct 2011

Le Commandant de la Brigade du Nord Kivu fait ses adieux à la RDC


Photo: MONUSCO

Kinshasa, 5 octobre 2011 – Le Général de Brigade, Chandi Prasad Mohanty vient de quitter la République démocratique du Congo (RDC) au terme de plus d'une année de service en tant que Commandant en Chef de la Brigade du Nord Kivu. Homme à la voix calme et posée, le Général Mohanty se souvient parfaitement du jour où il est arrivé en RDC. « Le 1er septembre, » dit-il simplement. Dès ce jour-là, il avait pris le contrôle de la province du Nord Kivu, dans l'Est de la RDC, réputé être l'une des zones les plus affectées par les activités des groupes armés.

Le Général Mohanty est arrivé dans le pays à un moment où le moral des troupes était au plus bas. Trois Casques bleus venaient d'être tués dans une attaque perpétrée par des éléments d'un groupe armé, et la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) se trouvait sous forte pression pour améliorer son image tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. "Ce que nous avons fait ça été d'organiser de grandes patrouilles à l'intérieur et autour des villages ; des patrouilles pédestres et motorisées, et celles menées autour des marchés. On a encouragé nos troupes en patrouille à s'arrêter dans les marchés et à dialoguer avec la population locale. Les soldats avaient l'ordre de pousser les patrouilles, diurnes ou nocturnes, aussi loin que possible. Cela a constitué un changement de stratégie par rapport au passé, » a dit le Général.

La tâche du Général Mohanty a été rendue encore plus éprouvante par une des caractéristiques de la province. C'est que, dit-il, « 70% des villages sont inaccessibles par la route». Qu'a-t-il donc fait dans ces conditions ? Le général a initié un nouveau concept baptisé Opération Ulinde, ou opération « protection » dans une des langues locales. Elle consistait à mettre en place une surveillance aérienne régulière de ces villages, surveillance exercée au moyen d'hélicoptères Lama. En plus de cela, le Général Mohanty a ordonné à ses troupes de mener des opérations conjointes avec les éléments des Forces armées nationales (FARDC) basées dans la région. Cette stratégie, explique-t-il, « est passée d'un mode réactif à un mode préventif et proactif ».

Un total de 15 opérations de grande envergure ont été menées pour assurer la protection de la population civile tout au long de l'année. Ces opérations ont comporté huit opérations aéroportées et sept opérations menées conjointement avec les FARDC. Elles ont eu pour effet de réduire de façon significative le taux d'activités criminelles.

Afin de gagner la confiance de la population locale, des activités à caractère non militaire ont été également entreprises, comme par exemple la tenue de réunions « Urafiki » (réunions d'amitié) avec les villageois, et l'organisation de séances de formation professionnelle, notamment en menuiserie, mécanique auto et informatique. De plus, un concept louable a été introduit, lequel a laissé un impact réal sur la population. Il s'agit du système d'alerte précoce, qui a consisté à mettre à disposition une ligne téléphonique dont pouvaient se servir les membres de la communauté pour alerter les Casques bleus en cas de survenue d'un incident. « Ceci représente l'une de nos plus belles réussites, » a confié le Général.

Bien qu'il dégage l'impression du devoir accompli, le Général Mohanty s'est hâté d'admettre qu'il y a encore de nombreux défis que doit relever la MONUSCO au nombre desquels, des tentatives d'épuration ou violences ethniques qui entrainent le déplacement de centaines de villageois, créant par là une situation d'urgence aux besoins humanitaires énormes. Organiser le retour de ces déplacés internes est une entreprise de grande envergure, et qui ne se réalisera pas du jour au lendemain.

Un autre défi est celui que représentent les prochaines élections, qui se tiendront dans deux mois et qui soulèvent leur lot d'inquiétudes, comme la crainte d'affrontements physiques, et d'actes d'intimidation de la part des mêmes groupes armés qui sévissent dans la province. « Avec tous ces problèmes, la population s'attend à ce que nous soyons partout en même temps. Mais cela est impossible, assurément impossible vu le nombre de troupes dont nous disposons, » a déploré le général.

Penangnini Toure/ MONUSCO