L'interview du Commissaire de Police de la MONUSCO Abdallah Wafy à Kinshas

2 nov 2010

L'interview du Commissaire de Police de la MONUSCO Abdallah Wafy à Kinshas


Kinshasa, 23 octobre 2010
- La police de la MONUSCO s'attèle activement à assurer à la Police Nationale Congolaise (PNC) la formation dont elle a tant besoin, et ceci dans le cadre du Plan de Stabilisation et de Reconstruction (STAREC), a expliqué le Commissaire, soulignant également que la police de la MONUSCO apportera tout le soutien possible à la PNC pour les prochaines élections générales en RDC. Tout en évoquant les problèmes auxquels est confrontée la PNC sur le terrain, il a réitéré l'engagement de la MONUSCO en termes de renforcement des capacités et d'équipements. Ci-dessous, le texte intégral de son interview.

Radio Okapi : Bonjour Commissaire, pouvez vous faire le point sur l'appui de la Police MONUSCO dans le cadre de la STAREC ?

Commissaire Wafy : Dans le cadre du programme STAREC, La police MONUSCO comme vous le savez a eu la mission d'appuyer le déploiement de la police nationale congolaise sur les différents axes prioritaires qui ont été retenus à l'est du pays. Il s'agit principalement de 6 axes prioritaires dans le Nord Kivu, le sud Kivu et le district de l'ituri. Ce programme consiste en la création et la construction de commissariats de police, de logements pour les policiers afin de permettre les déploiements aussi bien de la police d'intervention rapide (PIR) que de la police territoriale dans les différents commissariats de police. Aujourd'hui beaucoup de ces infrastructures sont achevées, certains des policiers sont déployés dans beaucoup de ces sites retenus. La police des Nations Unies appuie ce déploiement par la formation et le suivi au quotidien des activités de ces policiers de la PNC déployées sur ces différents axes prioritaires que ce soit sur l'axe Sake Masisi, Rutshuru Maniema au nord Kivu, mais aussi sur l'axe Fizi-Baraka, Hombo- Minembwe, dans le sud Kivu, et sur l'axe Bunia-Bogoro, Geti-Boga, dans l'Ituri. Partout ces policiers sont en cours de déploiement et nous les formons avant leur déploiement et nous les suivons dans leurs activités au quotidien.

Okapi : Et à terme combien de policiers doivent être formés ?

Commissaire Wafy : Dans le cadre du STAREC ce sont des formations brèves avant déploiement pour leur permettre d'assurer au maximum et avec efficacité sur le terrain et pour permettre la restauration de l'autorité de l'Etat. Mais d'une façon générale dans le cadre des formations que nous donnons à la PNC, il y a plusieurs types de formation : Les formations de longue durée comme celle qui se déroule actuellement au centre d'instruction de Kapalata, à Kisangani, en Province Orientale ; Il y a des programmes de recyclage, que ce soit au centre d'instruction de Munigi à 12 kms environ de Goma, dans le nord Kivu, que ce soit au niveau des formations spécialisées où nous avons, dans l'Ituri, un projet de formation de 500 policiers dans le cadre du programme de lutte contre les violences sexuelles. Donc l'un dans l'autre nous avons beaucoup de projets de formation au profit de la PNC, certains ont déjà commencé, nous sommes entrain de les exécuter, d'autres vont suivre dans les semaines et les mois à venir.

Okapi : L'année prochaine est l'année des élections, est ce que la police de la MONUSCO va appuyer la sécurisation des élections?

Commissaire Wafy : Bien sûr. Tout à fait. Nous sommes déjà en pourparler avec l'Inspection Générale de la PNC et avec certains partenaires pour recycler la PIR (Police d'intervention rapide). L'inspection générale nous a déjà saisi de son intention de nous impliquer dans le recyclage des éléments de la PIR en vue de sécuriser le processus électoral. Vous le savez, lors des élections en 2006, UNPOL avait beaucoup soutenu la PNC dans le cadre de la sécurisation du processus électoral et nous pensons aussi apporter notre appui à la PNC, l'année prochaine dans ce cadre là.

Okapi : Un nouveau service a été créé avec l'appui de la MONUSCO pour former des Inspecteurs Généraux chargés d'auditer la gestion des ressources humaines et financières de la PNC; quel est l'apport de la MONUSCO à ce sujet?

Commissaire Wafy : Nous sommes très impliqués que ce soit au niveau du CSRP (............) ou que ce soit au niveau du comité de réforme de la police congolaise qui a recommandé la création de cet organe dont vous parlez, l'Inspection Générale d'audit, parce que vous savez, pour qu'une police soit aux normes, pour qu'une police soit soumise au respect de la loi, il faut qu' il y ait un corps indépendant de la police et indépendant de la hiérarchie, chargé d'auditer, chargé de contrôler la conformité de la gestion de cette police là. Et dans ce cadre, la police des Nations Unies a beaucoup soutenu la création de l'Inspection Générale de l'audit par la formation même, nous avons été dans la rédaction des termes de références de cet organe mais aussi dans la formation des auditeurs des policiers qui sont aujourd'hui déployés et qui vont travailler au sein de cet organe d'audit. Donc c'est aussi bien à sa phase de conception et de mise en œuvre que nous avons été impliqués et actifs au coté de la PNC.

Okapi : Pour finir, parlez-nous des difficultés que vous rencontrez dans votre collaboration avec la PNC sur le terrain.

Commissaire Wafy : Je ne parlerai pas de difficultés, nous n'avons pas, en tant que telles, des difficultés avec la PNC. Vraiment, je me réjouis de la qualité et de l'excellence des relations que nous avons avec nos partenaires de la PNC. Par contre, je dois avouer que nous avons beaucoup de difficultés qui sont liées à la situation même qui prévaut aujourd'hui en RDC. Aujourd'hui, la Police nationale congolaise a des besoins énormes, que ce soit en formation, en logistique, en construction de commissariats et de sous commissariats, en équipements et nous sommes chargés, nous, d'appuyer cette police qui a beaucoup d'exigences en terme de renforcement de ses capacités, sous forme d'équipements. Comme vous le savez, aujourd'hui, certains centres de formation de la RDC sont en piteux état et méritent une réhabilitation pour qu'ils puissent mener à bien leur vocation de centre de formation. Mais il faut aussi tenir compte de l'immensité du territoire congolais et de la situation sécuritaire qui continue à prévoir à l'est du Congo, notamment dans les Kivu, par exemple, où nous envisageons d'ailleurs, que ce soit dans le sud Kivu à Jules MOKE, à Bukavu, la formation sur place des officiers congolais. Parce que, s'il faut transporter les stagiaires d'une province à l'autre, nous devrons faire face à des défis énormes et des coûts exorbitants. Voilà un peu en bref quelques-uns des défis que nous rencontrons qui ne sont pas du fait de la PNC mais qui sont des défis auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de l'exécution de notre mission.