Sarclage, panification et résolution de conflit, le panoptique de Maurice.

21 fév 2014

Sarclage, panification et résolution de conflit, le panoptique de Maurice.

Maurice Mukenge, Volontaire de l’ONU , national, a un talent rare, celui de voir le monde en trois dimensions. En fait non. Maurice lui-même serait plus modeste que ça, ce n’est pas un talent ; c’est simplement une méthodologie pertinente liée à la volonté inébranlable non pas seulement de faire le bien, mais aussi de le faire bien.

Il ne prétendra pas comprendre une situation sans l’avoir observée sous tous les angles possibles ; c’est le genre d’individu qui, lorsqu’il voit un éléphant de profil vous dira que, dans l’état actuel de ses connaissances, l’animal est gris du côté gauche. Il a bien raison, ce n’est qu’en prenant un problème sous tous ses angles que l’on peut espérer le comprendre ; et donc le résoudre. Lorsque Maurice a reçu l’appel à projets du bureau des Volontaires de l’ONU en RDC intitulé ‘‘Initiative Volontaire pour la Paix et le Développement’’ (IVPD), il a répondu sans en négliger un seul aspect. Dans son activité, nous avons vu la paix et le développement, la théorie et la pratique, le don de soi et la confiance envers les autres, le physique et l’intellectuel, la formation et l’information, la transmission et le débat, les femmes et les hommes, les jeunes et les vieux, la modernité et la tradition, le rêve et le réalisme… Si on lui citait cette liste, Maurice nous répondrait sans doute que c’est bien normal, ce sont des binômes et non pas des antagonismes ; les uns nourrissent les autres. Ils s’alimentent tant et si bien qu’à la fin des deux jours nous avons vu la boucle se refermer avec naturel, un sentiment de satisfaction et de saine satiété a envahi les septante participants. Une activité ronde comme une planète.

Maniocs maniaques

‘‘Planète Junior. Les amis de la Paix’’, c’est justement l’association de volontaires avec laquelle Maurice a décidé de mettre en place les deux jours d’activités pour l’IVPD. Un programme chargé et multifacette. Vendredi matin, des volontaires de tout le territoire (certains ont parcouru plus de 100 kilomètres pour participer à cette initiative) se sont réunis dans une salle pour réfléchir ensemble sur les apports du volontariat pour la communauté, la société dans son ensemble et le volontaire lui-même. Ils ont ensuite été formés sur les techniques de résolution des conflits par la médiation ou la négociation.

Le lendemain, ils ont pris leurs machettes et houes pour sarcler le champ de cinq veuves. Après une courte matinée de travail intensif et joyeux, les participants ont suivi une formation sur les techniques modernes de fabrication de la farine de manioc. Ces nouvelles techniques permettent d’augmenter la valeur ajoutée du produit fini et ainsi amplifier les bénéfices pour les marchands. Pour les familles, elles permettent également d’avoir un produit de meilleure qualité pour un effort réduit. Tout le monde a pu en apprécier la qualité en se régalant de beignets et de gâteaux au citron fabriqués à partir de cette farine de manioc. L’auteur de ces lignes est là pour attester la douceur, la légèreté et le doux parfum de ces pâtisseries ; à notre connaissance, les meilleures du pays.

Résoudre les conflits à grandes eaux…
Une intervention publique de Maurice, c’est un peu comme le fleuve Congo : on le trouve grand et profond ; jusqu’à ce que l’on se rende compte que nous ne naviguions que sur un petit bras du fleuve. C’est alors que l’immensité s’ouvre ; on vogue avec joie sur les mots de Maurice. Il les fait couler dans un lit dessiné au fur et à mesure que les regards passionnés et interrogateurs de son auditoire le poussent à explorer d’autres lieux de cet immense territoire qu’est sa pensée. Tout est si vaste qu’il est impossible de savoir si l’on atteint un rivage ou si nous sommes simplement sur une île géante… et le flot des mots reprend pour nous faire comprendre que nous n’étions pas à destination. La barque qu’a construit pour nous Maurice, nous transporte tranquillement et joyeusement jusqu’à l’embarcadère. Arrivés au port, les passagers auront acquis un savoir concret sur les techniques de pacification des conflits. Gonflés par ce phénoménal débit, nous savons que nous serons mieux à même de gérer les conflits que nous ne manquerons pas de croiser sur d’autres eaux.