Uvira : les acteurs du secteur de la Jeunesse dénoncent le sort réservé aux enfants

17 juin 2015

Uvira : les acteurs du secteur de la Jeunesse dénoncent le sort réservé aux enfants

Uvira, le 16 juin 2015 – Plusieurs activités ont marqué cette Journée dont le thème pour cette année était : «25 ans après l’adoption de la Charte africaine des droits et bien-être de l’Enfant : accélérons nos efforts pour éliminer les mariages des enfants en Afrique ». La Journée a commencé très tôt par un match dit de « fraternité entre enfants » au Stade de l’Unité de la Cité.

Ensuite, les participants auxquels se sont jointes les autorités administratives de la Place ont marché du Stade à l’Espace Sante Jeunes où devait avoir lieu le reste du programme. Celui-ci prévoyait entre autres des chants, sketches et poèmes, un exposé sur la loi portant protection des enfants et des allocutions, dont celle du Parlement des Enfants d’Uvira ainsi que celle de la Section Protection de l’Enfant de la Monusco-Uvira.

Pour les acteurs qui interviennent dans le secteur de la Jeunesse, vingt-cinq après l’adoption de la Charte africaine des Droits et le bien-être de l’Enfant, très peu d’avancées significatives ont été enregistrées dans le sens de l’amélioration de la condition de l’enfant en Territoire d’Uvira au Sud-Kivu. « La Charte est restée lettre morte », regrette une ONG locale qui ajoute que « ce n’est qu’une Charte de plus, un instrument juridique international très peu suivi d’effets… ».

Plusieurs facteurs expliquent cette situation, notamment la pauvreté qui frappe les familles ; le poids des traditions et des coutumes ; l’instabilité de la zone due aux guerres successives et à l’insécurité persistante dans cette partie de la RDC où les enfants, à l’instar des femmes, continuent à payer un lourd tribut : enrôlement forcé dans les groupes armés, esclavage sexuel, travaux lourds pour subvenir aux besoins de leurs familles… Ainsi par exemple, peut-on voir à toute heure de la journée des enfants parcourir plus de 30 kilomètres à pied pour pousser des « transitaires », ces personnes à mobilité réduite sur des trois-roues et qui transportent des centaines de kilogrammes de marchandises sur leurs vélos, d’Uvira à Gatumba au Burundi !

De son côté, l’ONG IDAY Kivu, International Day of the African Child and Youth dit avoir mené une enquête en février 2015 sur la situation des enfants à Uvira. Enquête qui a révélé que plus de 2000 filles et garçons de moins de 18 ans se livrent à la prostitution sans poursuite aucune ni des parents ni des auteurs civilement responsables. Par ailleurs, certaines jeunes filles ont abandonné l’école et leurs familles pour se lancer dans la débauche sexuelle, à cause de l’irresponsabilité des parents. Ces jeunes filles, selon IDAY, sont régulièrement violées par des adultes et deviennent précocement mères ou pères. Enfin et toujours selon cette étude, des cabarets, boîtes de nuit, maisons de tolérance et même certains lieux de prière servent d’endroits privilégiés où ces jeunes filles se livrent à la débauche sexuelle.

D’où cet appel d’IDAY et des autres partenaires aux autorités à travers le Tribunal de Paix pour qu’elles s’impliquent davantage dans la lutte contre l’exploitation des enfants ; cela, en traquant les réseaux de proxénètes qui exploitent les enfants, mais également les personnes civilement responsables des filles-mères pour une action judiciaire.

A noter que cette activité qui était organisée par le Service Genre, Femme et Enfant, a bénéficié de l’appui financier de la Section Protection de l’Enfant de la Monusco-Uvira.

Jean-Tobie Okala

Photos: Monusco/Fiston NGOMA & Jean-Tobie Okala