Violences sexuelles : la double peine des femmes en temps de conflit

Violences sexuelles : la double peine des femmes en temps de conflit
7 juil 2017

Violences sexuelles : la double peine des femmes en temps de conflit

« Aujourd’hui, nous rendons hommage aux femmes, aux filles, aux hommes et aux garçons qui ont subi des violences sexuelles atroces lors de conflits et nous réaffirmons la volonté de la communauté internationale dans son ensemble de venir à bout de ce fléau,»  a dit le Secrétaire général des Nations Unies dans son message publié le 19 juin, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit.

Il faut penser que la guerre, juste elle, ce n’est pas assez horrible pour les brutes qui s’engagent dans les milices et groupes armés. Pour eux, le terrain de la bataille ne se limite pas aux territoires qu’ils vident de leurs populations. Ces populations, il faut encore les poursuivre jusque dans leurs derniers retranchements et faire de leurs corps, surtout ceux des femmes, des terrains d’assouvissement et de conquête. En somme, ces femmes vivent une double peine: la guerre et les violences sexuelles. “Le viol et la violence sexuelle en temps de conflit sont une tactique terroriste et une tactique de guerre employées à des fins stratégiques pour humilier, dégrader et détruire autrui, souvent dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique. On ne devrait jamais y voir une conséquence inévitable des guerres”, continue Antonio Guterres. Il est clair que banaliser cet acte en en faisant un corollaire du conflit ne mènerait qu’à sa démultiplication et à son impunité.

En République démocratique du Congo, le fait est connu et ce ne sont pas les filles et femmes du Kassaï, région de conflit s’il en est un aujourd’hui, qui nous démentiraient. Viols et  décapitations succèdent aux maisons pillées, aux écoles, centres de santé et villages incendiés. De quelque côté que ces faits proviennent, ils sont injustifiables et intolérables. “Le tronçon Tshikapa-Kikwit est devenu un chemin de calvaire pour la femme”, relate Madame Marie Kayowa, présidente du Centre d’Encadrement de la Femme, à l’occasion d’une conférence de presse sur la situation de la femme dans cette partie du pays décimée par les miliciens de Kamuina Nsapu. A la presse, des femmes kasaïennes ont raconté leur quotidien : “les violations viennent de tous les côtés, en fuyant les exactions, nous rencontrons d’autres types de violences sexuelles”.  Par exemple, disent-elles, les femmes sont déshabillées aux postes de contrôle pour des fouilles corporelles humiliantes.

La réponse du gouvernement face à de telles pratiques est venue, ce même 19 juin, de la voix de la Représentante personnelle du Chef de l’Etat, en charge de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement d’enfants-soldats : “la RDC s’attelle à faire des violences sexuelles un axe spécifique de sa politique de protection envers les femmes congolaises par la lutte contre l’impunité des crimes de viols, depuis trois ans” a dit Jeannine Mabunda. Aussi a-t-elle rappelé le N° vert 122, à toute la population, pas uniquement les victimes, à dénoncer les auteurs de violences, pour mieux aider le gouvernement dans cette entreprise. Les efforts conjugués des partenaires, de la Justice et de son bureau ont permis dira-t-elle, la baisse de 87% des violences sexuelles dans les zones de conflit.

Il reste, malgré ce pourcentage honorable, que les exactions continuent. Dans le grand Kasaï, des centaines de cas de violences sont observés, selon les organisations de la société civile. Pour les Nations Unies,  “qu’il s’agisse d’avoir recours à la diplomatie préventive, de favoriser la consolidation de la paix et le développement, d’encourager l’adoption d’initiatives à l’échelle nationale ou de lutter contre la discrimination fondée sur le sexe, l’Organisation des Nations Unies n’épargne aucun effort pour s’attaquer aux racines de la violence sexuelle en temps de conflit”. La volonté des Nations Unies de mettre un terme à la violence sexuelle en temps de conflit est chaque jour affirmée dans son acharnement  à “donner au personnel de maintien de la paix les moyens dont il a besoin pour pouvoir protéger les civils vulnérables et faire en sorte que justice soit faite dans tous les cas”, communique Antonio Guterres qui conclut qu’ “il est de notre responsabilité à tous de faire en sorte que de tels crimes n’aient plus lieu”.