Ni paix, ni sécurité à Shabunda : les populations seules face à leur sort

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24 aoû 2011

Ni paix, ni sécurité à Shabunda : les populations seules face à leur sort

Bukavu, 23 août 2011 - Une équipe pluridisciplinaire de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a séjourné du 17 au 19 août 2011 à Shabunda, grande bourgade de 758,539 âmes située à environ 257 km à l'Ouest de Bukavu, la capitale de la province du Sud Kivu. Le but de la visite dans ce territoire reclus de la province était d'entreprendre une évaluation de la situation sécuritaire et humanitaire.

Shabunda est reconnue pour ses énormes richesses en ressources minières, notamment en or, cassitérite, améthyste et wolframite. Cette manne a naturellement attiré les rebelles des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) qui y sont installés en maîtres, tirant leurs revenus de ces richesses, et par la même occasion, terrorisant les populations locales.

Depuis le départ d'une trentaine de compagnies des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) en formation, les FDLR se sont incrustées dans le vide ainsi créé, occupant les sites stratégiques de Kabulu, Misima, Katombi, Biangama, Gombo, Mulungu, Nianzi, Ngoma, Kashei, tous situés autour de Shabunda dans un rayon de 45 à 200 km. Dans cette zone dont ils ont le quasi-monopole des richesses, il règne une insécurité criarde caractérisée par des prises d'otages pour transporter les biens pillés ou demander des rançons, mais également des attaques à mains armées sur les populations, ainsi que des viols et autres types de violence.

Désespérés et seuls face à leur sort, les habitants de Shabunda ont décidé de prendre en main leur propre sécurité. C'est ainsi que certains notables et leaders d'opinion ont suscité la résurgence du groupe d'auto-défense Maï Maï (Rai Mutomboki) pour protéger les populations contre les rebelles rwandais. L'administrateur du territoire indique que ce groupe fait reculer les FDLR certes, mais s'adonne également à des actes de harcèlement contre les mêmes populations qu'il est supposé protéger. Faute de moyens, les Maï Maï (Rai Mutomboki) collectent de force ou de gré des taxes auprès des habitants, et rançonnent. Ils ont également fait une demande de soutien auprès des ONG internationales, agences des Nations Unies et MONUSCO présentes dans la ville.

Les exactions commises de part et d'autre, y compris les combats interposés entre FDLR et combattants Maï Maï (Rai Mutomboki), ont entrainé un vaste mouvement de populations, avec son corollaire de conséquences humanitaires, vers des sites sécurisés grâce à la présence de la MONUSCO. Ainsi, depuis juillet 2011 près de 9000 personnes se sont déplacées vers le nord de Shabunda-centre pour échapper à l'insécurité grandissante. Les déplacés se plaignent de l'insalubrité, ainsi que du manque d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments. Certaines maladies hydriques, tel le choléra, commencent à faire leur apparition au sein de ces populations.

Plusieurs agences et organisations humanitaires ont déjà effectué des missions d'évaluation des besoins dans les zones concernées. La population, quant à elle, se dit abandonnée par les autorités car de nombreuses exactions sont souvent commises à seulement 15 km du chef lieu du territoire sans aucun secours de la part des forces de sécurité nationales.

Biliaminou Alao/ MONUSCO