Sud-Kivu : la population s'inquiète de la fermeture de la base de la MONUSCO à Mutarule

Photo de famille entre la délégation de la MONUSCO et les représentants de la population de Mutarule. Photo MONUSCO/Bilamekso TCHAGBELE

9 oct 2018

Sud-Kivu : la population s'inquiète de la fermeture de la base de la MONUSCO à Mutarule

Bilamekaso TCHAGBELE

Mutarule, base militaire de la MONUSCO à une cinquantaine de kilomètre au nord d’Uvira sur la route nationale numéro 5 en allant vers Bukavu, ce weekend du 05 octobre 2018, ambiance inhabituelle. Des ouvriers menuisiers, électriciens et maçons s’activent à démanteler les tentes et autres installations qui servaient d’habitations et de bureaux pour le contingent pakistanais de la RDB 3 (Rapid Deployement Battallion).

Mission terminée et accomplie pour ses soldats de la paix chargés d’assurer la protection des populations de la localité et ses environs.

Aujourd’hui les populations qui y avaient fui les affrontements intercommunautaires sont quasiment de retour grâce au climat de confiance retrouvée. Les populations qui s’étaient déplacées avaient tout abandonné derrière elles en juin 2014 après les massacres de Mutarule ou 37 personnes avaient été tuées par balles ou brûlées en une nuit dans ces affrontements intercommunautaires.

Malgré la quiétude retrouvée, les populations de Mutarule ont encore en mémoire les atrocités vécues cette nuit du 06 juin 2014 et c’est à juste titre qu’elles s’inquiètent du départ des casques bleus de la MONUSCO qui sont appelés à se redéployer ailleurs dans le cadre du processus de réorganisation de la force de la MONUSCO en diminution.

Les propos d’une femme de Mutarule, madame Kanku Séphora membre d’une association locale d’entraide, résument ces inquiétudes exprimées par les populations lors de la rencontre d’information et de sensibilisation organisée ce 05 octobre à Mutarule par la MONUSCO.

Mme kanku dit que la paix est encore très fragile à Mutarule et que sa peur est grande de voir cette force tampon et dissuasive de la MONUSCO se retirer pour laisser leur sécurité entre les mains des FARDC et de la PNC sans moyens.

Le chef du sous bureau de la MONUSCO Uvira, M Abdourahmane Ganda en s’adressant à l’assistance a expliqué le processus qui conduit à la fermeture de la base de Mutarule. Il s’agit du retour progressif à une situation stable et paisible dans le milieu et des contraintes et réductions budgétaires de la mission. Parlant du premier point M Ganda s’est réjoui du fait que la confiance soit revenue entre les différentes communautés fruit du travail des leaders communautaires en partenariat avec la MONUSCO.

Et c’est pour consolider ce climat de sécurité que le chef du sous bureau de la MONUSCO Uvira fait deux propositions :

  • Mettre à la disposition des populations de Mutarule un numéro de téléphone vert pour communiquer rapidement sur tout incident sécuritaire ;
  • Organiser une rencontre locale avec les différents acteurs pour une évaluation de la situation avec le départ du contingent militaire de la MONUSCO.

Deux propositions qui doivent être rapidement étudié et mis en exécution. M Abdourahmane Ganda a par ailleurs rassuré les populations de Mutarule que la fermeture de la base militaire ne signifie pas le départ de la MONUSCO puisque des patrouilles robustes et régulières s’organisent à partir des bases voisines de sange et de Kamanyola en appui aux forces armées de la République Démocratique du Congo FARDC.

Abordant la même question de la protection des populations, l’administrateur du territoire d’Uvira, M Alexis Kasangela, a demandé aux populations de Mutarule d’aider les forces de défense et de sécurité de la RDC en leur apportant toute information avérée liée à la sécurité dans leur milieu.

A la fin des échanges l’on pouvait lire sur le visage des participants à cette rencontre un soulagement et une lueur d’espoir pour leur sécurité et celle de toute la plaine de la Ruzizi où se jouxtent les frontières de la RDC avec celles du Rwanda et du Burundi.